La dernière partie de mon voyage fini à Marrakech où je prends le temps de me reposer de mes aventures dans le Sud du Maroc et en profitant de cette ville à l'intensité impressionnante. J'en visiterai quelques sites principaux, mais j'ai besoin de me recaler à cette foule de touristes, de vendeurs, d'arnaqueurs, je regrette quand même ces moments passés loin de la vie urbaine. Mais ce sera aussi l'occasion de faire de belles rencontres.
Pour me rendre au centre ville de Marrakech depuis l'aéroport, je prends le bus public plutôt que les taxis qui sont réputés peu honnêtes. De toute façon, le bus me dépose à la Place Djema Elfna là où se trouve l’hotel donc pas besoin de s’embeter.
En attendant le bus, je discute avec un touriste du Bangladesh qui visite pour la première fois le pays. Je l’aide à communiquer avec le chauffeur, qui parle français mais pas anglais car il ne sait pas comment rejoindre son hotel.
L’arrivée à Marrakech est rapide, l’aéroport est quasiment en ville (5km). La place est déjà grouillante de monde avec beaucoup d’animation. Grâce à mon GPS, je trouve le Riad que j’avais réservé par téléphone le matin même.
Un Riad très mignon, le Riad Dar Yammi, un peu en retrait de la place qui a une terrasse qui a une vue partielle sur Djema Elfna.
Pour cette fin de journée, le programme est léger : sieste puis découverte de la place, rien de plus. Après une bonne sieste, je pars sur la célèbre place me promener. Je monte sur une terrasse qui domine la place dans un café pour prendre un gouter.
L’endroit est tellement fréquenté par les touristes que le café a trouvé un moyen original de faire consommer. Pour rentrer dans le café, il faut déjà se servir une boisson dans le frigo, payer à l’entrée puis s’installer. Le concept permet d’optimiser à fond les revenus issus de la super localisation du café pile à l’angle de la place.
Le soleil se couche sur Marrakech.
L'activité de la place devient de plus en plus intense.
La partie centrale de la place est en rénovation d'où le rectangle vide.
On la domine complétement, avec le minaret de la mosquée de la Koutoubia dans l’alignement. Alors que je suis attablé et profite de la vue. Je fais la rencontre de Hanane et de ses filles, touristes marocains en provenance de Casablanca. Comme elles n’avaient pas de place assise, elles restaient debout dans le café alors je leur avais proposé de s’asseoir sur les chaises vides de ma table. Visiblement ma proposition les a beaucoup touchées, elles tiennent à m'offrir des gateaux marocains puis nous faisons connaissance. De fil en aiguille, nous resterons finalement ensemble toute la soirée à la table du café, à regarder le spectacle de la place tout en discutant de sujets passionnants. Une soirée mémorable, une des plus belles de mon séjour au Maroc. Tous les deux du même âge, la trentaine, nous avons parlé de nos vies, tellement similaires malgré que nous vivions dans deux pays à la culture différente, ses filles qui parlent français et ont un age proche de mes enfants m’ont posé pleins de questions sur la France, sur nos habitudes, c’était très drôle… C’est finalement la première fois du voyage que j’échange avec une femme marocaine.
Dernier jour plein au Maroc, journée que je vais dédier à la découverte de Marrakech. A vrai dire, j’ai une première impression pas très positive de Marrakech, peut être parce que j’arrive du Sud marocain rural si serein et je tombe dans cette bouillonnante cité et haut lieu du tourisme.
Je décide donc de prendre le temps d’appréhender la ville en marchant un peu hasard et à regarder, tout simplement. Depuis la place, je pars en direction des Souks.
La aussi, je ne suis pas très emballé, il faut dire que je ne suis pas du genre « shopping alcoolique » du tout, et réellement les vendeurs et rabatteurs perdent leur temps à me proposer de regarder leur marchandise car je n’y vois aucun intérêt, même pas le fameux « plaisir des yeux ». Par contre, l’animation de ces ruelles, les mobylettes qui passent à toute vitesse, les ânes avec la charrette, les bousculades, le piétinement tellement il y a de monde… Je trouve la promenade bien agréable en faisant le tour du souk jusqu’à la Medersa et retour vers la place.
Je profite de la terrasse panoramique d’un café en face de la Medersa pour admirer la vue avec mon premier et unique Coca Cola du voyage. J’aime bien cette capacité d’adaptation des marques américaines qui stylisent leur logo dans l’alphabet local dans le monde entier.
Depuis la terrasse, on a une vue plongeante sur la mosquée et les toits de la Medersa, de l’autre côté sur la Médina et les montagnes enneigées de l’Atlas en fond.
Avec la brume aujourd’hui, on ne les distingue malheureusement pas très bien. C’est dommage car le contraste entre la ville rouge, les palmiers et la neige des montagnes est un peu un symbole de Marrakech.
Je visite la Medersa qui était une école coranique, la plus grande du Maghreb.
Les détails de la décoration du bâtiment sont saisissants de beauté.
Le moindre petit détail est travaillé et le résultat est superbe. A l’étage on peut visiter les appartements ou vivaient les étudiants.
En continuant ma promenade je m’achète pour quelques Dirham un pain rempli d’une boite de thon à la tomate dans une épicerie. C’est la valeur sure au Maroc pour un déjeuner sur le pouce. Je traverse la zone du Souk où les artisans travaillent le fer et font de superbes lampes et autres ouvrages magnifiques, pour le coup je suis enfin emballé par le souk, qui jusqu’à présent semblait être un alignement de magasins de souvenirs plus inintéressant l’un que l’autre.
Ici il y a vraiment un savoir faire, c’est impressionnant de voir la façon de travailler le métal dans des locaux tout petits.
Plus loin, je vois des artisans confectionner des fenêtres en bois. Le détail mérite que l’on appelle cela de l’ébénisterie tant ils s’appliquent à faire des colonnades torsadées et des motifs.
Cette zone de Marrakech a bien conservé pour le moment une activité artisanale et je veux croire que certains des produits vendus sur les étales des vendeurs sont bien du made in Marrakech, et qu’ils ont encore résisté à l’assaut de l’outil de production de masse chinoise qui avale tout sur son passage tant ses couts de productivité sont optimisés par rapport au reste du monde.
En milieu d’après midi je pars manger dans un restaurant recommandé par le guide du Routard. Ce sera mon seul restaurant du voyage, car jusqu’à maintenant j’avais suffisamment mangé le matin et le soir pour me contenter de deux vrais repas par jour et un encas en milieu de journée. Mais j’ai vraiment envie de manger des grillades avant de rentrer en France, donc je me suis laissé guidé par le Guide.
Je trouve un petit restaurant qui ne paye pas de mine dans une rue à proximité de la place jemaa el fna, l’entrée est toute petite, ce n’est pas du tout grand luxe à l’intérieur, des familles marocaines sont en train de manger. Je commande 200g de viande hachée grillée, on m’amène une assiette de salade de tomate, du pain et une sauce piquante, rapidement les grillades arrivent. C’est succulent et pas cher, merci le Routard pour l’adresse.
Je continue ma flânerie dans les rues de la ville, je reviens sur la place par la zone des calèches. Le soleil se couche derrière le minaret de la Koutoubia, cela fait un jeu de contraste intéressant.
Je prends mon temps pour regarder les saltimbanques de la place, je remarque que les familles marocaines se prêtent vraiment au jeu de tous ces amuseurs publics alors que les touristes (européens et asiatiques) semblent plus en retrait, appareil photo dans la main, mais ne rentrent pas trop dans le jeu. Les serpents ne sont vraiment pas mon truc, je préviens tout de suite les charmeurs de serpents qu’il ne faut pas m’approcher avec leur reptile car vraiment je vais pas être bien, je préfère regarder de très loin les cobras qui se dressent et attaquent un bout de tissu que leur agite le charmeur.
Le coucher de soleil arrive, embrasant les nuages qui voilaient le ciel de Marrakech aujourd’hui.
Je sors ma dernière pièce de 10 Dirham pour me prendre un jus de fruit frais à un stand et le boit tranquillement en regardant le ciel prendre des teintes rosées au dessus du minaret.
Un des nombreux vendeurs de fausses montres finit par m’aborder pour me refourguer une copie de toquante. Je lui dis qu’allant à Genève demain, c’est la pire des idées imaginables que de rentrer en Suisse avec une contrefaçon de montre, je doute que les douaniers suisses trouvent cela amusant. Ca le fait rire, et il reste à côté de moi, probablement en espérant que je change d’avis. Puis on commence à parler, je lui demande si il est Sénégalais, il me répond que oui comme la plupart des vendeurs de la place. Alors on échange sur son pays d'origine puis sur le Maroc, comment il vient ici, ses conditions, la France, bref ce jeune est vraiment super sympa. Je lui dit que je ne suis jamais allé au Sénégal mais que c’est un pays qui m’attire et que j’aimerai bien y voyager. Il me demande si j’ai déjà mangé Sénégalais, comme je réponds la négative il me conseille si j’ai le temps d’aller manger au restaurant sénégalais du coin. Demain je suis déjà parti, alors il me propose d’y aller ce soir. Bon allez pourquoi pas, les voyages servent bien à faire de nouvelles expériences et à se laisser porter par les rencontres et puis j’ai jamais gouté cette cuisine et les plats sont pas cher il me dit. On rentre dans le souk municipal qui se trouve juste derrière la place, il fait sombre, le coin est un peu glauque et sale, c’est ici que se retrouvent les vendeurs sénégalais qui vendent les copies, mais aussi ou certains saltimbanques font leur pause en achetant un thé à la menthe.
Une table, trois chaises, posés devant un local du souk, dedans un réchaud avec une marmite dessus, une cafetière, un frigo et c’est tout. Si j’avais été tout seul, jamais je ne me serai arrêté manger là, franchement.
Je prends un café et une assiette du seul plat possible, riz avec viande et légumes. La dame nous sert dans une gamelle en aluminium une grosse portion, et un café dans un verre en plastique. Le café est très sucré, pas trop fort, c’est pas mal du tout comme boisson. Le riz est bon avec les épices dedans, ma foi c’est bien meilleur que beaucoup des innombrables riz que je mange quand je vais en visite en Chine.
On discute de choses et d’autres, on se montre des photos du pays sur le téléphone, puis je tiens à payer l’addition pour nous deux, bien qu’il me dise que ce ne soit pas nécessaire, j’insiste, 23 Dirhams pour nous deux.
Soirée vraiment étonnante avec ce vendeur et ses collègues dans leur petite cantine, certains d’entre eux devaient peut être se demander qu’est ce que je faisais là… En tout cas, ils m’ont bien vendu leur pays et je pense que le Sénégal est arrivé dans mon trio de tête de mes souhaits de voyage, une idée à creuser !
En rentrant au Riad, je discute avec Karim le gérant du Riad, car j’avais une grande curiosité quant aux détails pour faire tourner une activité de Riad au Maroc. Non pas que je sois intéressé par ce type d’activité, je ne suis pas sur que je sois fait pour le business de l’hospitalité, mais j’avais plusieurs questions et Karim a été super sympa pour m’expliquer tout cela, c’est passionnant. J’avais choisi le Riad pour sa localisation, je voulais absolument être à proximité immédiate de la place Jema Elfnaa mais pour un tarif raisonnable, inférieur à 500 Dirhams. Le Riad Dar Yammi a été un bon choix, placé stratégiquement juste derrière la place avec une vue directe depuis la terrasse, la décoration est très jolie, tout ce que l’on imagine d’un Riad à Marrakech, et des jolies chambres… C’est l’hotel le plus confortable de mon séjour et cela fait vraiment plaisir pour conclure ce voyage, surtout dans une ville aussi fatigante que Marrakech.
Aujourd'hui n'est qu'une journée de transfert. Dernier petit déjeuner gargantuesque au Riad puis je prends le bus pour l'aéroport depuis la place jemaa el fna (attention le bus met plus de temps au retour qu'à l'aller, il faut prévoir plus de marge). L'aéroport de Marrakch est magnifique, moderne et très efficace.
Je quitte le Maroc comblé de tous ces paysages incroyables, de ces rencontres simples, de ces diners simples, de ces nuits pleines d'étoiles, et pour sur ce n'était pas la dernière fois que je venais.