Le Yunnan est une région du Sud Ouest de la Chine. Son environ est unique en Chine à l'Est trois vallées parallèles où coulent les trois grands fleuves d'Asie. Au Sud avec une région tropicale ressemblant à la Birmanie. Kunming, la capitale est réputée en Chine pour son climat, "le printemps toute l'année". Cette région mérite vraiment d'être visitée.
Jeudi après midi, l’université nous accorde gentiment un week-end allongé et supprime le cours du vendredi afin de profiter de la venue d’un ami de Shanghai. Nous rattraperons le Lundi suivant avec une journée entière de leçon de chinois. En attendant, nous planifions un voyage, pas évident en cette période de froid exceptionnelle. Alors que certaines routes sont coupées dans la région du Sichuan à cause de la neige, les destinations qui restent se retrouvent avec des températures de – 10°C la journée. Nous cherchons donc une destination plus chaude. Nous regardons sur un site Internet de vente de billets d’avion et nous tombons sur une offre, 300 yuans (30 €) le billet d’avion pour Kunming (昆明) la capitale du Yunnan (云南) la région au Sud du Sichuan. Décidés, nous partons donc le lendemain à 5h45 de l’université direction l’aéroport, certains n’ont pas dormi et rentrent de soirée. Depuis 20 jours que nous n’avions pas vu le soleil, il nous ébloui quand nous sortons enfin de l’épaisse couche de nuage qui reste stationnée sur Chengdu. Après une heure de vol, nous avons parcouru les 1200 km qui séparent les deux capitales de province, le soleil est toujours caché par les nuages mais la couche est beaucoup plus fine. L’air est doux, « la ville du printemps éternel » comme la surnomme les chinois est un mélange de nouveaux buildings très hauts et de quartiers très sales. Sur l’autoroute surélevée, nous croisons une calèche tirée par un cheval, un bus s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence pour déposer des passagers. Je me demande comment ils vont faire pour rentrer chez eux de là.
A 9h30, nous nous asseyons enfin pour petit déjeuner dans une auberge de jeunesse, qui est en fait le repère des Anglais et scandinaves au Yunnan. On est en terrasse, le soleil nous dore le visage, quel changement depuis ce matin ! Le quartier de l’auberge est central, il est cerné de ces nouveaux immeubles de standard européens, qui compte bien plus de 30 étages. A coté, les banques ont leur propre building, tout de verre. Au pied se trouvent de grands centres commerciaux illuminés de néons de toutes les couleurs. Il faut savoir qu’en ce moment, la Chine connaît une crise énergétique rare, le froid exceptionnel amène une surconsommation électrique qui oblige à délester certaines zones « non prioritaires », des familles se retrouvent sans chauffage. Ces grands néons resteront allumés jusque tard dans la nuit. Au Nord, un grand marché s’étend et nous invite à déguster les spécialités de la province du Yunnan qui, il faut le reconnaître est vraiment diversifiée. Nous trouvons donc du fromage de Yak, des pâtes de riz au sésame sucrées, du thé, de la viande séchée, etc. Nous faisons finalement une halte dans un restaurant qui propose un repas typique : un bol rempli d’un bouillon, des aliments que l’on ajoute nous même le temps qu’ils cuisent, des pâtes. Le tout pour 12 yuans (1,2 €). La bière locale, la Dali Beer (大理啤酒), coule a flot, même si son goût ne restera pas comme une bonne expérience, trop amer, fade, acide, bref… Bien qu’elle se boive, ce n’est pas pour la bière que l’on vient au Yunnan.
La ville de Kunming conserve quelques lieux qui méritent d’être visités. Il y a d’abord les pagodes de l’Est (东寺塔) et de l’Ouest (西寺塔) qui sont en quelque sorte le symbole de la ville bien qu’elles ne soient pas vraiment impressionnantes. Il faut noter toutefois que le jardin qui entoure la pagode de l’Est est un endroit vraiment agréable où les personnes âgées se retrouvent pour jouer au Mah-jong et discuter. Il y a ensuite le Temple Yuan Tong (圆通寺) qui nous a surpris surtout pour la ferveur des croyants. C’est bien le premier temple que je visite en Chine ou la proportion de croyants est plus importante que celle des touristes… Il n’empêche le charme du lieu opère, l’odeur d’encens, le plan d’eau qui entoure le temple central, puis l’enchevêtrement des toits orange, tout est simplement beau. Pour finir, nous nous rendons sur les hauteurs de la ville, au temple d’or (金殿). La finesse du parc, les arbres, les fleurs, on se croirait au printemps, la ville que l’on peut voir du haut de la tour est éclairée par quelques puissants rayons de soleil qui traverse la couche de nuages.
Nous ne resterons qu’une journée à Kunming, à 23h nous sommes dans un train couchette en direction de Dali (大理 on reconnaît le même Dali que celui de la bière locale…) à 400 km de Kunming. Il nous faudra la nuit pour parcourir cette distance, mais le confort des couchettes molles donne envie de rester plus longtemps encore dans le train. En effet, en cette période de pointe (le nouvel an approche) il ne nous restait plus que des places en première classe (en Chine, il y a dans un ordre de prix décroissant : la couchette VIP, la couchette molle, la couchette dure, le siège mou, le siège dur, et parfois debout). Nous payons 130 yuan chacun (13€).
Arrivés sans encombre à Dali, nous louons pour la journée un taxi qui devait nous amener dans les endroits fameux de la ville. Dali est une ville ancienne, qui a joué un rôle très important pendant la période d’indépendance de la région entre le 9e et le 13e siècle (chute face aux guerriers Mongols). La ville a gardé son caractère ancien même si l’on voit le travail de lifting « grossier » du gouvernement afin de transformer ce lieu en attraction touristique. Néanmoins, ce lifting est moins fort à Dali que dans d’autres endroits de Chine (Cité Interdite ou villages autour de Shanghai par exemple). Les montagnes qui enserrent la région culminent à 4000m mais les nuages nous empêchent de voir les sommets. Un lac qui reflète ce décor finit de parfaire le charme de Dali. Cette région mériterait de s’y arrêter et de prendre le temps de tout visiter pendant un mois mais nous avons que deux jours donc nous commençons par nous balader dans les villages de campagnes qui bordent le lac, les gens vivent ici très simplement dans des maisons à l’architecture préservée. Nous mangerons sur une place au soleil au milieu du village et des villageois tout étonnés de voir 9 étrangers manger là.
Nous continuons notre ballade à cheval dans une calèche. Ces calèches servent à relier les hameaux les uns aux autres. Elle nous amène au lac, l’eau n’est pas très propre, les cultures baignent en fait à moitié dans l’eau, les paysans travaillent la terre. Derrière les quelques maisons, un terrain de basket où les jeunes se retrouvent, on leur propose une partie. Je n’ai jamais joué dans un endroit aussi dépaysant auparavant, le ballon a le cuir à moitié arraché, il a plu et le terrain est glissant, mes chaussures de marche montantes ne sont pas vraiment appropriées. Ces jeunes étaient quand même assez bons, vifs et adroits… De retour à Dali, nous souhaitons visiter les trois pagodes de la ville (三塔寺), le chauffeur de bus fait un détour spécialement pour nous et nous n’avons pas à marcher sous la pluie battante qui vient de commencer. Avec cette pluie, nous rentrons sans payer dans le temple, il n’y a personne à l’entrée. Les gouttes sont énormes. L’édifice est élevé, 100 mètres pour la pagode centrale de style typique de la région. Les deux plus petites sont finement décorées, celle de gauche penche un peu. Le reste du parc mérite un coup de gueule : tout a été refait ou plutôt surfait, peinture flash, boutiques, jeunes filles en déguisement local qui vendent tout et n’importe quoi, surtout le n’importe quoi que l’on retrouve dans toutes les attractions touristiques chinoises et qui ont du être fait dans une usine du Guangdong.
Le soir tombe, la ville revêt son habit de soirée : des lampions rouges, des guirlandes, un laser, les pagodes dans le ciel, puis les montagnes qui disparaissent dans leur manteau nuageux gris. Dali comme ailleurs en Chine ne compte quasiment pas de restaurant qui servent des dîners après 19h30, les chinois ont déjà fini depuis longtemps leur repas lorsque nous nous mettons à l’affût d’un endroit où manger. Finalement, une dame nous ouvre son restaurant vide de tout client. Ses enfants sont là en train de regarder des dessins animés américains, il n’y a pas de menu, il faut demander directement ce que l’on veut. Les légumes ont trempé toute la journée dans des bassines à l’extérieur sous la pluie, mais l’on ne sera pas malade. La bière arrive en quantité en même temps que les 15 plats demandés. Un tour de Chine en une soirée avec des spécialités de toutes les régions. Le tout pour 250 yuans (25 €) à 9. Après avoir bien mangé, nous continuons la soirée chez le coiffeur… En effet en Chine, les coiffeurs ouvrent très tard même quand une salle de massage louche n’y est pas cachée dans l’arrière boutique, on peut se faire couper les cheveux pour 10 yuans (1 €). Enfin, nous atterrirons dans un des nombreux bars pour étrangers de Dali afin de passer la fin de la soirée.
Le lendemain, départ 9h00 pour Kunming en bus. 5h de bus « prévues » pour parcourir les 400 km, ce qui nous coûtera à chacun 70 yuans (7 €). Après être sorti de Dali, les routes sont pleines d’eau, il y en a parfois un bon mètre et les voitures sont obligées de s’arrêter, notre bus continue quand même son chemin. Il n’y a pas plus dangereux qu’un bus en Chine, heureusement, nous arrivons rapidement sur l’autoroute. Nous traversons alors des paysages de rêve, des rizières en terrasse, des villages préservés, des forets d’eucalyptus, des temples. En chemin, notre bus tombe en panne. Pas de panique, on commence à comprendre comment ça marche la Chine. Personne ne bouge et nous attendons une demi heure que le bus redémarre. Le chauffeur remonte dans le bus comme il en était sorti : sans dire mot, sans que personne ne s’interroge, tout est normal. Arrivée à Kunming, un dernier tour de la ville, nous mangeons encore un festin mais impossible de dépenser plus de 300 yuans (30 €) à 9 personnes, malgré les 17 plats et les 10 bouteilles de bière commandées. Les restaurants du Yunnan en plus d’être très bon, sont vraiment très bon marché. Ce n’est pas pour nous déplaire, je retiendrais surtout la découverte d’un plat délicieux, le porc séché (je suis sur que c’était du nez de cochon), excellent !
L’avion décolle à 22h, nous arrivons à Chengdu une heure plus tard, il neige et l’autoroute est un piège pour les conducteurs chinois qui roulent trop vite. Au moins 10 accidents entre l’aéroport et l’université. Dimanche, 23h30, retour au campus d’un week-end vraiment dépaysant au pays du printemps éternel. Il est évident que 3 jours ne sont pas suffisants pour découvrir en profondeur cette merveilleuse région.