Songshan fait partie des cinq montagnes sacrées du taoïsme et qui indique les cinq directions (oui il y a cinq directions dans la culture chinoise). Songshan se situe à côté de la grande plaine du Fleuve Jaune, dans le Henan, entre Zhengzhou et Luoyaong, c’est donc tout logiquement qu’elle indique la direction du centre. Son nom complet est donc Songshan Zhongyue. Songshan est connu mondialement pour abriter le temple le plus populaire de toute la Chine, le célèbre Shaolin, lieu de pélérinage culte pour les amateurs de Kung-Fu.

Depuis Zhengzhou, il y a plusieurs bus pour rejoindre Shaolin. Shaolin et Songshan dépendent de la ville de Dengfeng, qui dépend de Zhengzhou. Pourtant Shaolin est bien plus proche de Luoyang. A choisir, il vaut mieux partir de Luoyang, ce sera plus pratique et rapide. Le trafic pour sortir de Zhengzhou est dense. J’aurai voulu prendre le bus de 8h mais j’arrive un tout petit peu en retard à la gare de bus de Zhengzhou, dans le centre-ville, à côté de la gare.

Je suis donc reversé sur le bus suivant, celui de 9h40. Aïe, une heure et demi à attendre dans ce hall de gare de bus. Pour une ville aussi importante que Zhengzhou, dans une région où le bus est un moyen de transport pratique pour les plus modestes, j’aurai imaginé un hall bien plus moderne et imposant, on est tous entassé les uns sur les autres, il y a peu de places assises et les informations d’embarquement ne se font pas au hautparleur, c’est le chauffeur lui-même qui gueule depuis la porte pour inviter les passagers à embarquer… OK, pourquoi pas. Le bus pour Shaolin est petit, mes épaules et genoux ne rentrent pas dans le siège et je plains la fille qui a la place à côté de moi. Il faut deux heures pour arriver à se sortir de Zhengzhou et rouler au pas jusqu’à Dengfeng. A Dengfeng, tout le monde descend car il faut faire le plein de gaz. On attend que le chauffeur remplisse le réservoir et on commence à discuter avec les autres passagers sur leur plan de la journée. Ma voisine entend que je peux parler chinois, en remontant dans le bus on fait connaissance. Je m’excuse de la place que je prends dans le siège, je suis tout coincé dans ce petit espace, ça l’a fait rire et reste compréhensive. C’est une ingénieure de Hangzhou qui passe le week end à Songshan pour faire le tour de la montagne. Le courant passe bien entre nous et on décide de passer la journée à Shaolin ensemble, ce sera plus intéressant. J’apprécie particulièrement ce genre de rencontres sur la route, c’est une composante tellement enrichissante des voyages en solitaire. Shaolin est clairement une destination très populaire, il y a une foule énorme qui vient ici découvrir ce temple à l’histoire riche et le Kung-Fu qui y est affilié.

On passe devant un des centres d'entrainement au Kung Fu de Shaolin, les enfants font tournoyer leur baton au dessus de leur tête

Les couleurs automnales des gingko nous suivent cette année, c'est toujours aussi magnifique

On commence par manger dans la cantine du temple, une cuisine qui ne sert que de la nourriture végétarienne, il n’y a pas de carte, le menu imposé est à 60 RMB par personne. Beaucoup de tofu et de légumes. Cela nous requinque pour la suite de la journée. Ensuite on pénètre dans le temple. Shaolin a été l’objet de nombreuses attaques dans le passé. Il a été complétement brulé en 1928 et reconstruit depuis. Certains batiments ont un aspect neuf mais on trouve quelques éléments historiques, comme cette statue à l'entrée.

L'entrée du célèbre temple de Shaolin

Le temple est plutôt grand, il y a beaucoup de pavillons à visiter, même si certains ont été rénovés en 2019

Certaines gravures en bois ou le sol déformé par le travail de répétition incessant des moines sont fascinants.

Les Ginkgo centenaires dans les cours du temple ont un feuillage qui a commencé à virer au doré. Un contraste magnifique avec l’architecture du temple.

Mis à part le temple de Shaolin, Songshan est immense parc dans lequel on peut faire de magnifiques ballades. On aperçoit tout en haut d’une montagne une immense statue blanche, la montée est raide, tout en escalier, il nous semble impossible de faire l’aller retour dans l’après midi. On apprend qu’il s’agit d’une grotte d’un moine ermite qui se trouve tout là haut.

On passe devant un autre temple fermé.

Un autre aspect fascinant de Songshan, c’est cette foret de pagodes. Chaque pagode a été édifiée pour un maitre du temple de Shaolin. La pagode la plus haute abrite les cendres du plus éminent maitre de Shaolin. Il y a plusieurs centaines de pagodes de brique dans ce lieu.

La télécabine nous emmène sur un point de vue plus élevé. La vue depuis les bennes sur la vallée de Shaolin est magnifique, les feuilles ont des superbes couleurs automnales.

Tout en bas, on aperçoit la forêt de pagodes

Le massif de Songshan est réputé pour ses paysages grandioses. Mon compagnon de voyage a décidé de rester dormir à Dengfeng pour faire le tour de Songshan le lendemain tôt. Je suis déçu de ne pas pouvoir rester car l’aperçu que l’on a depuis ce point de vue est grandiose, le relief est vertical, il y a un équilibre entre végétal et minéral, c’est vertigineux.

Au sommet, un petit temple se visite.

Depuis le sommet, on a une belle vue sur la vallée, et ce temple.

Le lendemain elle m’enverra des photos de la marche de Shaolin à Sanhuang Zhai (que je publie en bas de l’article) qui est vraiment magnifique et mérite clairement de passer deux jours à Shaolin. Cette marche est la plus populaire et il faut au moins une demi-journée pour faire la traversée, en comptant la télécabine depuis Shaolin Temple.

Nous redecendons à l’entrée de Shaolin où une représentation de Kung-Fu par les novices du centre d’entrainement a lieu à 16h. Leur aisance est déjà impressionnante, leur force est bluffante. Ces jeunes apprentis cassent tout un tas de chose avec leur tête. Ils s’enfoncent des lances sur la poitrine qu’ils arriver à plier car elle ne pénètre pas dans leur chair trop dure. Ils envoient des clous qui traversent le verre sans le briser. Bref, c’est impressionnant.

Pour finir ils font une démonstration de groupe avec leur épée avec des mouvements vifs et athlétiques. Cela donne envie d’en voir plus, une demi-heure ça peut passer très vite. C’est vraiment une expérience à faire lors d’un passage à Songshan.

Lorsque la représentation est terminée, je salue ma nouvelle amie qui continue sa route à Dengfeng, et je me presse de rejoindre le bus. C’est le dernier de la journée, à 17h qui rentre à Zhengzhou depuis Shaolin. Si je rate ce bus, il y a encore des bus depuis la gare des bus de Dengfeng jusqu’à 19h30, mais c’est moins pratique quand même, et j’ai peur de devoir me soumettre à la mafia des heiche (les faux taxis qui attendent les voyageurs en errance le soir autour des sites touristiques). Je n’aime pas avoir affaire à ces gens, surtout ici dans le Henan, avec ma tête de blond. Finalement le bus ne repart pas à plein, il y a environ une dizaine de places libres. On met un temps fou à rentrer dans Zhengzhou, le trafic encore une fois dès l’entrée de la ville en est la raison. Je suis un peu triste de ne pas être resté  Dengfeng. Le lendemain en recevant les photos de Sanhuang Zhai, je regrette encore plus. Le paysage est magnifique et surtout il y a peu de monde sur les chemins de Songshan, à l’opposé de Shaolin qui subit sa célébrité. Dengfeng a aussi plusieurs temples et bibliotèques très intéressantes qui sont un prolongement de Shaolin, avec une histoire millénaire. Enfin, selon les guides de voyage, il y aurait encore une autre marche à faire à Songshan (dans la partie Est du massif, par rapport à  la route entre Dengfeng et Shaolin), qui serait encore plus magnifique que Sanhuang Zhai, mais encore moins de monde.

Pour finir voici quelques photos de la marche de Shaolin à Sanhuang Zhai.