De passage en Mongolie Intérieure, je me rends sur le plateau Mongol où se trouve les paysages de grasslands, cette immensité de prairie qui s'étend plus loin que le regard ne pourrait voir/ Malgré tout, ce n'est plus la saison touristique, c'est donc un paysage de début d'hiver, sec, vide, que je trouve à Xilamuren, au Nord de Hohhot.
Je suis un peu déçu en cette fin de matinée. J'avais vraiment hâte de découvrir la grande lamasserie de Hohhot, le Dazhao, qui est malheureusement fermé depuis la crise sanitaire. Je change donc de plan en dernière minute. Je me rends au Starbucks prendre un café et réflechir un plan de rechange pour la journée. Impossible de louer une voiture, il est déjà tard et j'ai été un peu refroidi par l'expérience de Datong qui s'est heureusement bien finie. En situation post-Covid les étrangers se font très rares en Chine et je ne suis pas très rassuré pour m'aventurer toujours plus loin, toujours plus au Nord, loin des agglomérations. Je cherche donc sur l'application de taxi Didi, équivalente à Uber en Chine, un chauffeur pour m'ameber à Xilamuren. Xilamuren est un site touristique populaire en été pour avoir un aperçu des steppes de Mongolie sans faire trop de route depuis Hohhot. Depuis la capitale de la Mongolie, les steppes sont très proches. Les steppes de Mongolie se trouvent après la chaîne de montagne qui ferme Hohhot au Nord. Il y a à peu près 100km de distance et 90 minutes de route selon l’application. De toute façon, étant matinal j’ai beaucoup de temps finalement encore devant moi. Je tente le coup et réserve, même si je suis quand même inquiet de ce que je vais trouver à Xilamuren, car ce n’est pas du tout la saison touristique dans la steppe. Une petite industrie d’accueil des touristes s’est développée sur le plateau mais elle fonctionne qu’en été. Maintenant l’herbe des steppes à brûlé par le soleil et l’arrivée de l’hiver, le paysage risque d’être triste. Tant pis, j’y vais quand même et explique au chauffeur ce que je veux faire. Il accepte de m’attendre et me ramener à Hohhot pour le même prix que ce que l’application calculera à l’aller, mais je lui vire l’argent directement sur son wechat pour éviter les frais inutiles. Ça me convient... On part donc pour le Nord.
On traverse d’abord les montagnes du Nord la ville puis on arrive dans la ville de Weichuan qui est très laide et bordélique, sale avec la poussière omniprésente. Ici aussi on trouve de tout et n’importe quoi sur la route. Puis après Weichuan le paysage s’aplatit, le regard semble ne plus être bloqué jusqu’a l’horizon. On arrive dans les steppes.
La route file en ligne droite au milieu de cet environnement aride.
Malgré le fait que l’herbe soit complètement cramée comme je l’imaginais, il y a un sentiment d’immensité ici.
Le vent souffle très fort. Il n’y a personne, la saison touristique est bien finie, toutes les fausses yourtes qui accueillent les touristes sont fermés et les chevaux paissent tranquillement dans la steppe.
On arrive à Xilamuren, c’est fermé. Il n’y a personne. Je sors faire un tour. Comme il faisait chaud avec le soleil qui tapait dans la voiture j’avais enlevé ma veste et mise sur la banquette arrière. Le vent me refroidit très vite alors que je me suis écarté la voiture. J’imagine si mon chauffeur décide de me laisser ici tout seul, je ne survivrai pas longtemps et serai transi de froid. En fait au contraire je remarque qu’il est en train de profiter du moment comme moi et à dégaine son appareil photo.
Je lui demande s’il était déjà venu ici et me répond que c’est la première fois. On décide d’aller voir un peu plus loin s’il y a quelque chose d’ouvert. Rien. Vide. On se dirige vers le village de Xilamuren qui a des allures de ville fantôme dans les westerns, on voit même les boules de poussières transportés par le vent, comme dans les films. Un temple est construit dans le village. Tout aussi semble abandonné même ce temple. Mon chauffeur me propose d’aller voir. Ce temple a un guichet pour acheter des tickets mais personne autour bien entendu. On entre donc et découvre ce temple en mauvais état mais intéressant avec ses moulins à prière. En fait cette ambiance de fin du monde a quelque chose de poétique
Ici aussi on remarque la forte influence du bouddhisme tibétains dans la symbolique du temple.
On retrouve les moulins à prière
Comme dans les temples tibétains j'apprécie énormément cette profusion de couleurs
L'endroit est vide, il n'y a personne, tout est fermé.
En sortant du temple, la faim commence à se faire sentir. Mon chauffeur a garé la voiture à côté du temple, dans cette rue vide, le vent frais souffle toujours aussi fort, les rayons du soleil sont très forts. On se met en tête de chercher un endroit où manger avant de prendre la route tranquillement vers Hohhot en faisant des arrêts photos. On marche dans cette rue du village de Xilamuren qui semble être une artère principale. Tous les établissements semblent fermés. On voit une devanture illuminée d'un restaurant qui semble nous indiquer qu'il y a de la vie à l'intérieur. On rentre dans ce restaurant à la décoration propre où quatre hommes sont attablés, cigarette à la bouche, celle-ci manquant de tomber lorsqu'ils ont vu entrer un étranger passer la porte. On s'installe à une table avec le chauffeur, la patronne est vraiment gentille et nous propose de manger quelques raviolis accompagnés de légumes, qu'elle relance directement son fourneau avec une pelleté de charbon et commence à cuisiner.
On discute avec mon chauffeur, pendant que je sens 4 paires d'yeux qui me fixe longuement. Les gens parlent un dialecte du mandarin, ce ne sont pas des mongols, mais c'est pas toujours facile de comprendre le sens. Alors que les plats arrivent, je me lève pour servir le thé à mon chauffeur qui se trouve confus de ce geste de la part de son client, étranger blanc qui plus est, j'entends des commentaires dans mon dos. Ce geste aura pour effet de réchauffer l'atmosphère, c'est étonnant. Les quatre acolytes viennent discuter avec nous, me demande où j'ai appris la politesse chinoise. J'esclaffe de rire. Ils me demandent ce que l'on fait ici en hors saison, qu'est ce que l'on vient faire alors que tout est fermé. Je leur dis que je voulais voir les grasslands, que c'est la première fois que viens dans cette région et que je voulais venir avoir un aperçu. Ils sourient. Puis me demandent si j'ai fait du cheval dans les grasslands. Activité favorite des touristes à Xilamuren. Je leur réponds que comme tout est fermé, j'ai un peu abandonnée l'idée, que l'on fera quelques photos sur la route du retour. Ils me disent qu'il reste quelques endroits où l'on peut faire du cheval, qu'ils peuvent passer un coup de de téléphone. Bon, vu que je suis venu jusqu'ici, c'est mieux que rien même si un peu imprévu... J'accepte et un des hommes dégaine son téléphone. Une dizaine de minutes plus tard, un mongol jovial à la carrure massive et imposante entre dans le petit restaurant et présente sa petite affaire. On conclut sur une une heure de promenade autour de son "ranch" pour prendre l'air. J'accepte et on le suit jusqu'à un petit centre avec des chevaux, des yourtes en dur, bref tout l'attirail pour accueillir le touriste en quête de l'atmosphère mongole. On s'entend sur le circuit et grimpe sur la selle de ce cheval court sur pattes. Le paysage est beaucoup plus impressionnant depuis ce point de vue par rapport à la route.
La prairie a pris des teintes dorées qui sont bien sur moins impressionnantes que le vert clair de l'été, mais cela garde un charme tout particulier quand même.
Comme beaucoup de choses à Xilamuren, il ne faut pas croire que ce que l'on trouve sont des vestiges historiques, mais plutôt des installations faites pour donner une impression d'immersion dans la culture mongole, un aperçu, comme ces monticules posés au hasard au bord du chemin...
Néanmoins, malgré que tout cela sonne parfois un peu faux, et c'est une situation que l'on ne peut éviter en Chine, avec l'influence de 商业化, il n'en reste que le paysage est à la hauteur.
Les chevaux s'arrêtent de brouter pour saluer leur compagnon qui est en train de travailler, comme j'ai déjà monté à cheval, mon accompagnateur le fait trotter et galloper. Ce cheval n'a pas l'endurance légendaire que l'on imagine des fiers canassons mongols.
On arrive au bord d'une rivière qui se fraye un chemin en serpentant dans les grasslands dans de grands lacets, avec au loin les écuries.
Une yourte a été installée ici, encore une fois pour donner cette impression d'être parti en aventure pour des jours loin de toute civilisation sédentaire. Ca marche parfaitement pour la photo pour son Wechat bien sur. La vue est jolie.
On retrouve la rivère qui continue ses lacets dans ce paysage de prairie d'or.
Les quelques arbres ont pris une couleur orangée des plus jolies.
Après cette ballade sportive où le cheval a finalement essayé tant bien que mal de courir un peu, raffraichi par ce vent frais et pur, j'ai surement pris un coup de soleil quand même car le soleil tape très fort, je suis quand même content d'avoir pu profiter un peu des grasslands, quel coup de chance d'avoir discuté avec ces gens dans le restaurant, c'est quand même mieux qu'un aller retour pour rien... Je retrouve mon chauffeur qui attendant et continuait de prendre des photos des environs. On reprend la voiture vers Hohhot avec une dernière vue sur Xilamuren
Le soleil commence à descendre, bizarrement la route se charge un peu plus de voiture.
Pour le diner, je décide de continuer dans la découverte culturelle de la Mongolie et je demande au chauffeur de me déposer en ville devant le restaurant le plus typique de Hohhot, reconnu pour sa mise en valeur de la cuisine traditionnelle mongole. Ce restaurant vaut vraiment le détour, autant pour la nourriture, que le décor et l'ambiance avec les musiciens qui jouent des airs folkoriques pendant la soirée.
Ainsi s'achève ce voyage d'une semaine dans le Nord de la Chine, un voyage complétement improvisé au jour le jour, de Taiyuan dans le Shanxi, jusqu'à Hohhot en Mongolie Intérieure. Cette région a des atouts touristiques de premier ordre, comme Pingyao ou Yungang qui méritent d'être inscrit dans tout voyage dans le Nord du pays au départ de Beijing sur la route de Xi'An. Clairement pour moi ce sont deux immanquables sur cette route classique des touristes en Chine. Mais il faut avouer que la fréquence touristique rend parfois la visite un peu difficile. Cela fait du bien de sortir des itinéraires balisés, de se retrouver dans des coins comme Hohhot qui sont clairement à l'écart de ces routes, où le rythme ralentit, on visite seul et tranquillement, quasiment pas de touristes... Quelle chance j'ai eu de visiter le temple des cinq pagodes seul, quel appaisement, quelle serenité ! Même si dans ces endroits il faut plus se débrouiller et accepter que ce ne sont des lieux pas toujours adaptés au tourisme, avec tous les désagréments qui vont avec. C'est pour cela que j'ai trouvé cette route équilibrée, même si je pense que Datong mérité un peu plus de temps que ce que j'ai prévu moi même.