Daocheng est une ville située aux confins occidentaux de la région du Sichuan dans le Sud-Ouest de la Chine. Ici on est sur le haut plateau tibétain, dans l’ancienne région de Kham, l’aéroport est d’ailleurs le plus haut aéroport civil du monde situé à une altitude de 4441 mètres. Je me rends dans cette région pour visiter un des parcs naturels les plus grandioses de Chine et accessible sans permis spécial, le parc naturel de Yading. Mais avant de rejoindre le parc de Yading, je découvre la région de Daocheng qui compte de jolis paysages et des petits temples tibétains.

Je pars aux aurores pour l’aéroport de Chengdu, en effet les vols à destination de Daocheng sont tous positionnées tôt le matin et principalement au départ de la capitale du Sichuan. Avant de partir, j’ai consulté la météo et je me suis acheté une petite doudoune et un pantalon au cas et je prends un petit sac à dos pour trois jours dans cette région des hauts plateaux himalayens. L’avion traverse la région de l’Ouest du Sichuan – une région qui mérite vraiment un road trip d’une semaine au moins – et on reste collé au hublot pour contempler ce panorama montagnard incroyable. On survole la chaine de Gonggashan, la plus haute montagne du Sichuan qui culmine à plus de 7000 mètres, une destination hors du commun à proximité de Chengdu.

Octobre et Novembre sont les mois idéaux pour partir visiter cette région, pour voir les forêts aux couleurs dorées et un temps plus sec, bien que dans cette région la météo soit quand même imprévisible et je le vivrai à mes dépends pendant ce séjour. Mais le plus gros challenge de la région est l’altitude. Avant de partir j’avais lu des articles sur des voyageurs qui étaient allés au Tibet ou en Amérique du Sud et qui avaient souffert du mal des montagnes, et ce mal des montagnes est particulièrement fort pour les gens qui arrivent sans acclimatation à Daocheng, l’aéroport à l’altitude la plus élevée du monde.

Juste avant d’atterrir à Daocheng, l’hôtesse de l’air nous prévient que lorsque la porte de l’avion s’ouvrira certains passagers risquent de se sentir étourdi et essoufflé qu’il faut faire des mouvements très lents pour éviter d’aggraver le mal des montagnes. Ce qui fut mon cas… Je ne me sens pas bien, je me lève tout doucement de mon siège et semble manquer d’air, je sors de l’avion en prenant soin de ne faire que des petits pas. Je n’ai pas de plans préparés d’avance, je n’ai rien prévu mis à part ce billet d’avion. Ma mission est de trouver un moyen de découvrir la région de Daocheng puis un moyen de transport jusqu’à Yading. A la sortie de l’aéroport quelques chauffeurs de taxi attendent les voyageurs, et je discute avec eux. Ils ne sont pas du tout agressifs, cela change de beaucoup d’aéroport, et je fais confiance directement à un des chauffeurs qui me propose de me faire visiter les endroits intéressants sur la route de Yading avant de me déposer à Xianggelila, le village qui borde le parc naturel. On fait déjà un premier arrêt pas loin de l’aéroport, ici une rivière étonnante qui est chargée d’énormes rochers arrondis charriés par un ancien glacier.

Des inscriptions en tibétain sont peintes sur un énorme rocher.

Un chemin permet de découvrir le panorama sur cette rivière qui nous semble tout droit sorti de l’Ouest du Canada avec cette vallée glaciaire.

La route de Daocheng est magnifique surtout avec les couleurs de l’automne de ce fin de mois d’Octobre.

On s’arrête au monastère de Pangphuk tout en couleurs, ainsi que les maisons magnifiquement décorées.

Sur la façade du temple des moulins à prière sont alignés et l’intérieur de la lamaserie est typique de l’architecture tibétaine.

J’admire la cour du monastère avec ses murs aux teintes pourpres.

Le temple est magnifiquement recouvert de toits dorés

Je n’ose pas rentrer dans la salle de prière mais un moine positionné devant la porte principale m’invite gentiment à rentrer à l’intérieur. Je lui demande si je peux prendre des photos car je ne connais pas trop le code de conduite dans les lieux de culte tibétain et il m’indique que oui je peux.

L’intérieur du temple est incroyablement coloré, les murs sont recouverts de fresques, l’atmosphère est rempli d’odeur de beurre de yak.

Autour du monastère, les maisons sont toutes aussi très colorées, avec des façades blanchies, les fenêtres encadrées de fresques.

Je retourne dans la voiture, je suis toujours essoufflé et étourdi par le manque d’oxygène. On continue la route en direction de Hongcaodi, une zone humide où pousse une plante aux teintes rougeâtres qui se présente comme la réserve naturelle qui préserve le mieux cet écosystème. Mais avant, on traverse ce terrain typique de haut plateau.

Malheureusement, en cette fin Octobre la zone n’a plus bonne mine et ne ressemble pas trop aux photos que l’on peut voir sur les panneaux explicatifs.

Du bétail broute dans les grasslands de la réserve naturelle, ces yaks aux poils longs sont très paisibles et ne semblent pas dérangés par ma présence.

Le village autour de la réserve donne un aperçu des habitations de la région de Daocheng.

Un stupa est édifié au milieu du village avec ses moulins à prière.

La réserve naturelle des grasslands de Sangdui est assez étendue, la promenade sur les sentiers m’a épuisé et je me traine pour retourner au parking. Je prends bien garde à ne pas presser le pas pour ne pas aggraver le mal de tête. Notre étape suivante est le village de Daocheng, à l’entrée du village se trouve un immense stupa où l’on trouve beaucoup de pèlerins en train de faire le tour en tournant les moulins à prière.

C’est à Daocheng que l’on déjeune, dans un restaurant tibétain qui ne paye pas de mine. Je fais la découverte du thé Suyou, à base de beurre.  

Après le repas, on fait des courses pour la préparation des deux prochains jours dans le parc naturel de Yading, on trouve tout ce qu’il faut à Daocheng, même un moyen de faire un test COVID au cas où il est demandé à l’entrée du parc. On quitte Daocheng et la route serpente vers le col de Bowa. Il faut se faire un chemin au milieu des troupeaux, sur cette route il faut faire très attention au bétail.

Il y a aussi des animaux sauvages comme ces baimaji sauvages qui picorent le long de la route.

Accroché sur la montagne face à nous, on remarque un grand monastère tibétain, le monastère de Rewu.

On fait une pause au col de Bowa à 4513 mètres.

On termine la journée avec une dernière étape un peu avant d’arriver à Yading, avec le monastère de Gongga Langjiling lui aussi richement décoré aux couleurs nombreuses dès le pas de porte.

Les bâtiments sont imposants avec des décorations dorées.

L’intérieur est aussi une profusion de couleurs

Après une journée en haute altitude, entre 4000 et 4500 mètres, on arrive finalement au village de Xianggelila, qui se trouve à proximité de l’entrée du parc de Yading. Il existe trois options pour dormir à Daocheng Yading, soit dans le centre bourg de Daocheng, soit à Xianggelila, soit dans le parc de Yading. Je ne recommande pas Daocheng car il y a beaucoup de kilomètres à parcourir jusqu’à l’entrée du parc, il n’y a aucun intérêt à y rester. La vue depuis les fenêtres des hôtels du parc de Yading est imbattable. Pourtant la plupart des voyageurs font le choix de dormir dans ce village plutôt que dans le parc et je pense que c’est un choix judicieux surtout pour ceux comme moi qui arrivent à Yading par l’aéroport de Daocheng. En effet, le village est à l’altitude la plus basse des environs, à 2900 mètres seulement. On souffrira donc moins du mal des montagnes et d’insomnie qu’à Daocheng ou dans le parc de Yading. A mon avis, le choix le plus judicieux serait de venir en voiture depuis Chengdu et de dormir la première nuit à Xianggelila puis la deuxième dans le parc naturel directement, car le lever et le coucher de soleil sur les pics aux neiges éternelles à 6000 mètres des montagnes sacrées de Yading mériterait le risque de mal des montagnes si une acclimatation douce a été possible en approchant par la route. Néanmoins, Xianggelila a aussi l’avantage d’offrir des commerces et restaurants pour se reposer après une journée en altitude.