Le parc naturel de Yading dans le Sud-Ouest du Sichuan fait partie des plus beaux et mieux aménagés parcs naturels de Chine. C’est aussi un lieu sacré pour les bouddhistes tibétains qui viennent ici pour faire un pèlerinage autour de ces montagnes culminant toutes à environ 6000 mètres sont toujours enneigés et qui forment une trinité. Le paysage est incroyable, surtout en Octobre - Novembre lorsque les feuilles ont pris leurs teintes automnales, le parc se visitant idéalement en deux jours, je me concentre sur le « changxian », chemin le plus long qui prend la journée en marchant tranquillement, qui débute à 4000 mètres et finit la tête autour des sommets à presque 5000 mètres.

Depuis le village de Xianggelila, il faut prendre un billet pour entrer dans le parc de Yading. Le billet est cher mais valable deux jours. A cela s’ajoute le billet de bus pour rejoindre le village de Yading et le temple de Chongbu d’où commence le chemin court et chemin long.

Depuis les fenêtres du bus, on grimpe de plus de 1000 mètres sur une belle route en lacés, et tout à coup au détour d’un virage, le sommet de Xiannairi s’élève au-dessus de la vallée aux couleurs dorées.

Le bus s’arrête pour nous laisser prendre des photos depuis un belvédère.

On arrive au terminus et la marche commence. Il fait très frais et je fais quelques emplettes avant de partir, je ne le savais pas encore, mais j’apprendrai à mes dépends qu’il n’y a pas beaucoup d’endroits pour acheter à manger dans le parc. La pente est raide et le manque d’oxygène oblige à marcher lentement. J’en profite pour admirer le sommet du Xiannairi au dessus des arbres.

On arrive au niveau du monastère de Chongbu, point de départ du chemin court que je réserve pour demain. Le cours d'eau a une couleur incroyablement claire.

La deuxième montagne sacrée, le mont Xianuodoji qui culmine à 5958 mètres s’élève au fond de la vallée glaciaire de Yading.

Il est possible de reprendre une navette pour rejoindre directement le départ du chemin long, cela permet d’avoir assez de temps pour faire l’aller-retour jusqu’au bout du chemin en enlevant 5 kilomètres de marche dans la vallée. En une dizaine de minutes on arrive donc à alors que le soleil n’est pas encore assez haut pour illuminer les grasslands de Luorong.

Malheureusement le sommet le plus emblématique de Yading, le Youmayong qui culmine aussi à 5958 mètres est déjà recouvert d’une épaisse couche nuageuse qui ne fera que grossir au fur et à mesure de la journée.

Les premiers 4 kilomètres se font sur un chemin relativement plat qui remonte la vallée jusqu’aux pieds du Youmayong. On traverse un magnifique paysage de paturages avec un ruisseau qui coule en son milieu.

On passe devant des maisons tibétaines en pierre où les chèvres paissent.

La forêt a pris son aspect automnal le plus magnifique, on est vraiment dans la meilleure période pour venir visiter Yading.

On peut admirer le glacier du Youmayong

Une cascade coule en haut de la vallée

Aujourd'hui seul un des sommets sacrés sera visible pour nous.

Un lac aux reflets verts et bleus accueille des oies sauvages. Au loin, la cascade est déjà entrée dans sa forme hivernale complétement figée par la glace.

Arrivé au fond de la vallée, le chemin prend une autre dimension. Jusqu’à maintenant le manque d’air était facilement gérable car la marche était principalement sur du plat. Mais la suite n’est pas du tout du même acabit. Ici commence une ascension brève mais raide sous la falaise. Des filets de métal ont été installés pour éviter les chutes de pierre sur les touristes.

La zone est soumise à un grand vent et on trouve de nombreuses prières colorées tibétaines.

On se rapproche petit à petit des glaces éternelles.

Arrivé en haut, on a fait le plus dur et on avance maintenant vers le trésor de Yading. Autour de nous la vue sur les sommets est grandiose, c’est fantastique malgré le vent qui a redoublé de puissance.

Ici il n’y a plus d’arbres, seulement des arbustes qui résistent aux conditions extrêmes, le reste n’est que minéral.

Puis tout à coup, j’arrive face à un immense disque de bleu turquoise qui tranche avec le blanc de la pierre !

Le lac de montagne de Niunai Hai (Milk Way Lake) est vraiment l’objectif ultime de tout voyage à Yading tant ce lac à une couleur tellement magnifique.

Depuis le bout du lac, on a une vue directe sur le mont Xianuoduoji.

Le chemin continue vers un deuxième lac, le Wuce Hai (Five colors lake) situé un peu plus en hauteur à 4600 mètres. En grimpant on a une vue avantageuse sur le premier lac.

Le sommet du Youmayong se dévoile enfin, il doit faire un temps terrible là haut.

Le lac des cinq couleurs a une couleur moins extraordinaire que le niunai hai. Sa couleur est composé de plusieurs teintes de bleus tout aussi magnifique, mais très différent.

J'admire les glaciers qui descendent de sommets

Je remarque un promontoire en haut d’un pierrier, de là haut on devrait avoir une vue panoramique sur les lacs et les montagnes majestueuses de Yading. Je suis déjà pas mal fatigué par la marche d’approche des lacs mais je me dis que si je suis venu jusqu’ici, je peux quand même essayer. Il faut grimper dans le pierrier en faisant attention à ne pas glisser, et surtout il faut éviter de se carboniser car on est de plus en plus haut, la montée est laborieuse.

Heureusement la vue en contre plongée sur le paysage de Yading est absolument incroyable et l'effort est mérité.

Ici on grimpe sur la face Sud du Xiannairi, en suivant le chemin, on pourrait monter théoriquement à plus de 5000 mètres.

Je me sens vraiment épuisé juste avant d’arriver au promontoire, je me force à continuer jusqu’au bout malgré le vent qui redouble de puissance en haut de cette crête. Difficile de rester debout. Je m’abrite comme je peux derrière un monticule de pierres et m’assois sur les pierres aiguisées. Tant pis, la vue exceptionnelle vaut bien quelques sacrifices.

A cet endroit je suis tout seul, personne n’a eu l’idée de me suivre, je ne pense pas que ce soit interdit. Incroyable sensation de sentir un sentiment de solitude en Chine.

On a une vue plongeante sur le lac de niunai hai

C’est le moment que je choisis pour sortir le thermos rempli de suyou cha que mon chauffeur m’avait gentiment donné ce matin. Il m’avait dit de boire le thé au beurre au moment où je serai arrivé au plus bel endroit.

Pourtant je suis obligé de m’avouer à moi-même que la montée a consommé mes dernières réserves d’énergie. Il faut dire que je pensais pouvoir trouver des endroits pour me ravitailler sur le chemin mais rien. Depuis ce matin, je n’ai mangé aujourd’hui que 3 snickers et une pomme. Heureusement le thé au beurre est suffisamment gras pour recharger un peu en calories.

Les nuages cachent le soleil de temps en temps, changeant l'ambiance du paysage

Je repère la suite du chemin de l’après-midi. Je remarque un petit lac tout au fond que je serai capable de rejoindre par un sentier qui fait le tour. Je ne suis pas sûr de me sentir capable d’y arriver et je me donne déjà comme objectif de rejoindre le chemin qui passe sous le pierrier déjà, ce sera déjà bien.

La descente est périlleuse, les pierres roulent sous les chaussures et il faut faire très attention à ne pas tomber car je me demande bien comment je fais si je me fais mal là-dedans.

Après cette descente, j’ai mal à la tête et aux jambes, je décide d’arrêter là.

Je m’installe confortablement car le vent est plus faible pour reprendre des forces, finir le thé au beurre et contempler le paysage.

Le lac de Niunai Hai a vraiment une couleur incroyable. Son bleu cobalt est vraiment unique.

La descente se fait tranquillement, le dernier bus pour l’entrée du parc part à 19 heures j’ai donc 5 heures devant moi pour y arriver. Je profite donc de la descente à pas ralenti pour admirer le paysage.

J’ai quand même mal à la tête et je paye cash la montée dans le pierrier qui a été quand même éprouvante pour l’alpiniste du dimanche que je suis.

On repasse devant le lac aux différentes teintes de vert

Sur le chemin, on passe à proximité de baimaji sauvages, un oiseau endémique de cette région.

La forêt a vraiment revêtu sa plus belle parure en Novembre à Yading.

En cette fin de journée, la lumière douce éclaire avec douceur les paturages de Yading.

Aujourd’hui, la météo n’aurait pas été complétement avec nous. Le sommet acéré du Youmayong a toujours été couvert de nuages.

En trois heures, on est arrivé au départ du bus pour l’entrée du parc. En se retournant on a une dernière vue vers le Xianuoduoji grandiose qui conclut merveilleusement cette journée intense physiquement mais aux paysages tellement incroyables qui méritent cet effort. D’ailleurs, en Chine il y a une expression pour décrire Yading : les yeux sont au paradis, le corps est en enfer…