Pour cette deuxième journée dans le parc naturel de Yading, je parcours le « duanxian » chemin le plus court qui débute au monastère de Chongbusi jusqu’aux pieds de la plus haute montagne de Yading, le mont Xiannairi qui culmine à 6032 mètres et qui est la cinquième plus haute montagne de la région du Sichuan. Malheureusement, le temps changeant en montagne nous fera déchanter, entre grand soleil et chute de neige et vent glacial, on ne verra quasiment pas le sommet du Xiannairi.
Ce matin je ne fais pas la même erreur que la veille et je prends un petit déjeuner solide avant de partir. Je trouve un petit restaurant qui sert des raviolis, un bouillon de riz et un œuf, de quoi avoir assez d’énergie et ne pas avoir un coup de fatigue extrême comme la veille. J’ai acheté aussi des snacks pour la journée.
Ce matin le chauffeur du bus nous fait le plaisir de nous arrêter à un autre point de vue qui nous permet d’apprécier la vue sur le village de Yading et les sommets enneigés qui émergent au-dessus de la forêt aux couleurs dorées.
Le sommet du Xiannairi à plus de 6000 mètres
Le sommet du XIannuoduoji
On arrive au terminus du bus et le chemin commence par la montée raide jusqu’au temple de Chongbusi. On aperçoit ses toitures dorées entre les arbres.
Comme la météo l'avait annoncé, le temps va changer aujourd'hui, déjà les nuages s'accumulent sur le Xiannairi et cela n'augure rien de bon car l'air est frais, pour le moment les rayons du soleil apportent une chaleur bienvenue, cela ne durera pas.
Ce monastère a une longue histoire, sa position au pied de la plus haute montagne de Yading et à proximité du lac de Zhenzhu Hai, mais son aspect actuel opulent est récent. En tout cas son style s’intègre parfaitement dans son cadre naturel, on se sent complétement hors du temps ici.
Magnifique contraste entre les toits du monastère et les glaciers du Xiannairi
Depuis la cour du monastère, on entend les chants des moines qui prient à l’intérieur, j’aime beaucoup ce genre d’ambiance et profite de ce moment tout en lisant les inscriptions qui sont les panneaux à l’entrée.
Autour du temple des prières flottent dans le vent.
Dans la rivière qui coule avec force depuis la montagne, des moulins à prières sont actionnés par la force de l’eau.
La montée jusqu’au lac remonte le cours d’eau et passe au milieu d’une forêt aux couleurs automnales magnifiques.
Sur le chemin les oiseaux ne sont pas farouches, ils n’ont pas du tout peurs des marcheurs et viennent se poser sur la paume de la main si on la tend en leur direction. De même, plusieurs écureuils en quête de nourriture nous inspectent de loin. En sortant de la forêt, on tombe nez à nez sur la montagne de Xiannairi et ses 6000 mètres bien camouflés par une couche de nuage. Le Xiannairi est le point culminant de Yading, situé au Nord du triptyque des monts sacrés du parc.
Le temps change, la lumière est moins belle et il se met carrément à neiger. On ne s’y attendait pas sachant qu’il y a des coins de ciel bleu encore, mais ici pile sous la montagne on commence à bien ressentir le froid alors que la météo n’avait pas du tout prévu cela. La montagne est vraiment imprévisible, heureusement que j’avais acheté une doudoune à Chengdu mais quand même, c’est juste pour tenir avec le vent.
Le lac de Zhenzhu Hai est majestueusement posé au pied de la montagne sacrée, malgré le temps vraiment maussade on s’installe au bord du lac pour une collation.
L’intensité physique du duanxian est beaucoup moins extrême que le changxian. C’est une brève montée dans la forêt où il faut quand même prendre son temps et surtout ne pas se précipiter pour perdre son souffle puis ensuite on arrive au pied du Xiannairi et c’est quasiment que du plat. Il vaut mieux d’abord faire comme nous et profiter de l’énergie maximum le premier jour pour faire le changxian et faire le duanxian le lendemain avec ce qui reste dans les jambes.
Le chemin va au plus près de la montagne mais le temps est maintenant difficilement supportable. Les doigts sont engourdis et difficile de faire des gestes suffisamment précis pour ouvrir et fermer le sac pour prendre la bouteille d’eau.
Le paysage est quand même grandiose, les couleurs automnales vont finalement bien avec ces nuages gris.
Pour la suite de l’après-midi, je fais le tour du paturage autour du temple de Chongbusi, où une rivière à la couleur bleue étonnante coule en son milieu. Dans cette partie de Yading, il n’y a strictement personne, il règne un calme incroyable, il y a beaucoup d’oiseaux colorés.
Finalement le ciel se dégage partiellement, le sommet du Xianuoduoji au fond de la vallée glaciaire est grandiose avec ce temps terrible.
Quel contraste fabuleux entre la rivière aux reflets bleutés au fond de cette vallée encadrée de ces montagnes enneigées.
Je trouve un chemin qui monte face au temple pour avoir une vue plongeante sur Chongbusi où je m’installe en sachant que ce sera la dernière étape de mon voyage à Yading et qu’il me reste du temps avant le dernier bus pour l’entrée du parc de Yading.
C’est ici que se termine ce beau mais court voyage dans l’Ouest du Sichuan, dans le parc naturel de Yading. Un parc naturel qui m’a permis de voir pour la première fois de ma vie des montagnes de 6000 mètres. Mais aussi j’ai eu beaucoup de chance d’être à Yading en ce tout début Novembre alors que les immenses forêts ont pris cette teinte automnale magnifique.
Par contre je recommande vivement d’éviter de venir en avion comme moi pour ne pas subir excessivement les effets du mal des montagnes. Une solution intermédiaire serait plutôt de faire l’aller depuis Chengdu en voiture en deux ou trois jours en passant par Litang et pour le retour pourquoi pas envisager l’avion ce qui évite de faire encore deux jours de chemin inverse.