Jodhpur s’élève comme une forteresse miraculeuse au milieu du désert du Thar. A l’origine construite autour de l’imposant fort de Mehrangarh, la vieille ville est un dédale de ruelles avec ses bazars, temples et mosquées qui nous plonge dans un conte des mille et une nuit. Jodhpur est aussi connue pour son quartier aux maisons bleues que l’on peut admirer depuis les murailles du Mehrangarh au coucher du soleil. Jodhpur est une ville indienne pleine de charme et le centre ville a une vie bouillonnante qui mérite d’être sur le chemin des villes du circuit classique des voyages au Rajasthan.
On a bien fait de couper la route depuis Jaipur jusqu’à Jodhpur par une soirée au lac Pushkar. Le taxi que l’on avait réservé pour la course de la veille revient nous chercher le matin pour la deuxième partie du trajet jusqu’à la ville bleue. La route est monotone, c’est plat et aride et un peu long, on en profite pour se reposer car les nuits sont souvent perturbées en Inde par le bruit. Avec Diwali qui approche, il y a beaucoup de jeunes qui jouent avec des pétards la nuit et c’est pas le même genre de pétards que l’on trouve en France, le bruit est terriblement puissant et nous réveille plusieurs fois. On arrive en milieu d’après mid à Jodhpur et depuis la route on ne peut pas manquer la vue sur la forteresse de Mehrangarh qui domine l’horizon. Construite sur un piton rocheux, l’immense palais a des dimensions incroyables. La ville de Jodhpur est plus étendue que l’on pensait, c’est en fait la deuxième ville de la région du Rajasthan après Jaipur et il y a un trafic monstrueux dans les rues de la ville. L’animation des rues est comme on l’imaginait avant notre voyage en Inde, de la foule, des voitures, des rickshaw, des klaxons.On arrive à la place de l’horloge où le taxi est obligé de nous déposer, l’entrée de la vieille ville est interdit, les rues sont trop étroites, il faut finir à pied. On remercie chaleureusement notre chauffeur qui nous a accompagné pendant ces deux trajets entre Jaipur et Pushkar et Pushkar à Jodhpur, on met les sac sur le dos et on pénètre dans la vieille ville par une porte joliment décorée.
La vieille ville de Jodhpur a vraiment des airs de ville du désert, comme dans un conte des mille et une nuits. Les ruelles sont étroites, les bâtiments très hauts, le soleil ne passe pas, il y a des odeurs, des chiens rodent, les motos nous frôlent, la mosquée fait les appels à la prière. Il y a déjà pas mal de boutiques pour les touristes mais on sent que le quartier a gardé encore son âme.
On arrive à notre hotel en plein coeur du vieux quartier. C’est un hotel recommandé par les guides qui a une vue directe sur la forteresse. Il y a beaucoup de touristes étrangers et de groupes et les installations sont confortables pour un bon rapport qualité prix. Dans ce quartier, on notera qu’il y a beaucoup d’hôtels plus simples ou de guesthouses chez l’habitant qui ont l’air très sympa aussi. On dépose nos valises et on repart directement découvrir la ville, en effet, le soleil commence déjà à bien descendre et on veut en profiter pour admirer le coucher de soleil depuis un point de vue que j’avais repéré sur maps. On passe dans des ruelles avec quelques maisons peintes en bleu, et des frises peintes sur les murs, c’est très beau.
Les gens sont en train de nettoyer leur maison en vue des fêtes de Diwali, on peut voir les préparatifs. Pour la première fois depuis notre arrivée en Inde, on souffre de la chaleur. Alors que l’on est fin Octobre, on ne s’attendait pas à ce que le thermomètre dépasse les 40°C surtout à cette heure de la journée. La chaleur accable la ville de Jodhpur qui est polluée et plantée au milieu du désert, il n’y a pas de vent. La montée du chemin en direction de la forteresse demande un effort et on transpire beaucoup.
Arrivé sur ce piton rocheux, on est tout au bout de la muraille du fort qui domine la ville de Jodhpur et la ligne d'horizon depuis des siècles.
On trouve un petit café sur le toit d’une maison. La vue est parfaite, et comme on est en hauteur, on a un tout petit peu d’air. On commande un Coca à la propriétaire et on s’installe maintenant face à la vue à 360° sur la ville. On est face au quartier brahmane et ses maisons peintes en bleu, avec le soleil qui se couche derrière. De l’autre côté, on a une vue sur une autre partie de la vieille ville, qui est joliment lovée derrière la falaise de roche, qui a aussi quelques maisons peintes en bleu. On apprécie vraiment l’instant depuis notre poste de garde.
On reste installé là à voir le soleil se coucher derrière la ville.
Au coucher du soleil exactement, les mosquées commencent à faire sonner l’appel à la prière. Le bruit vient de toute part des ruelles de la ville. En même temps, on entend les cloches des temples hindous qui résonnent. C’est une impression troublante, l’impression d’être à la frontière de deux mondes, résultat d’histoires millénaires, ici au milieu du désert du Thar.
Avec les lumières qui commencent à scintiller, le spectacle continue malgré la nuit qui arrive. Cette soirée au dessus des toits de Jodhpur est fantastique, on ne peut que recommander de monter au niveau du temple de Maa Jwalamukhi Devi pour avoir un des meilleurs couchers de soleil du Rajasthan.
On continue la soirée en déambulant dans les ruelles commerçantes de la ville. Avec Diwali, les rues sont toutes illuminées de guirlandes, tout le monde semble s’être donné rendez vous pour faire des emplettes avant les fêtes. C’est dans ce genre de moment que l’on ressent vraiment la population de l’Inde et puissance de sa démographie. On se joint à la foule et nous aussi fait le tour des magasins.
Pour le diner, on trouve une terrasse juste sous la forteresse au restaurant Acharya Rooftop pour manger un thali face aux monuments éclairés la nuit. Le service est très long mais parce que c’est la famille propriétaire qui fait tout. Il fait encore très chaud à cette heure-ci et on a le droit au sermon de l’imam dans la mosquée à côté qu’il a branché sur mégaphone pour en faire profiter tout le quartier. Un vrai plongeon dans un conte des mille et une nuits comme on disait.
Après le diner, au moment de payer la propriétaire nous propose de nous faire du henné sur la main pour Diwali, ma copine accepte et elle repart avec sa main décorée elle aussi pour les fêtes.
Ce matin, nous avons décidé de prendre un guide pour découvrir les secrets de la ville bleue. C’est une option que l’on ne privilégie pas en général mais on se dit que pour une fois on peut essayer. Notre guide vient donc nous chercher pour une demi journée de découverte de la ville à pieds. On commence par découvrir les ruelles avec ses maisons peintes en bleu. Alors ici, il faut faire un petit commentaire, on pourrait croire que toute la ville de Jodhpur est peinte en bleu. Mais en fait ce n’est que quelques maisons qui sont colorées et le reste est plutôt normal. Néanmoins, il y a de superbes demeures, des havelis plus ou moins conservés, des temples et bien sur des ruelles ou le bleu domine, donnant des angles très photogéniques.
En fait on pourrait passer la journée à se promener dans cette ville pour en croquer des moments de vie, de vie urbaine tellement indienne...
On arrive de nouveau devant le quartier très dense de la clock tower.
Après deux heures de marche avec les explications, notre guide décide de nous ramener dans le quartier commerçant que l’on avait visité la veille au soir. On est quand même déçu de la façon dont ce tour se passe car finalement sur une bonne partie de la demi journée, il est très insistant pour faire des visites de magasins. Comme on avait déjà fait le tour la veille au soir et que l’on avait déjà fait nos achats, le guide abandonne et on finira la visite par le stepwell de Jodhpur, Toorji Ka Jhalra Bavdi. Différent des autres stepwells que l’on a vu jusqu’à présent, il vaut vraiment le coup d’oeil.
On déjeune dans un joli restaurant à proximité du stepwell. Un endroit que je ne peux que recommander. On y fait la rencontre de Vikram, un indien du Sud qui parle Français et qui a les même passions sportives que moi. On discute une partie de l’après midi en buvant un bon café à la table du restaurant. Après ce repas qui a bien trainé en longueur, et tant mieux car la température extérieure ne donne pas envie de sortir le bout de son nez, on doit encore être au dessus des 40°C, Vikram nous conseille de monter à la forteresse maintenant car c’est le meilleur moment de la visiter, avant la fermeture, il y a moins de monde et on aura un peu moins chaud, tout est relatif. On suit son conseil et on demande à un rickshaw de nous amener à l’entrée de la forteresse. En prenant un rickshaw, on s’épargne la montée sous le soleil de plomb et on garde des forces et de l’hydratation, pour la visite du palais.
C’est une bonne idée surtout que la vue depuis la route est superbe avec la forteresse face à nous pendant la montée.
Le fort est encore ouvert un peu plus d’une heure, le soleil rasant rougit les pierres de Mehrangarh sublimant son architecture. Effectivement, l’heure est parfaire pour la visite.
La visite du palais suit un circuit qui permet d’en découvrir les plus belles pièces. C’est un des plus beaux palais du Rajasthan que l’on aura à découvrir. Différent de celui de Delhi, ou d’Agra ou d’Amber, ils méritent tous une visite.
Il y a plusieurs salles qui présentent des expositions intéressantes comme celle avec différentes chaises à porteur de l'époque des Rajputes, et on tombe aussi sur ce lion à l'allure pas très féroce...
Il y a aussi une exposition de berceaux, étonnant de trouver cela dans la visite du fort.
Les pièces sont très bien décorées et les vitraux donnent des teintes colorées magnifiques.
Les fenêtres sont délicatement décorées.
On a une vue sur Jodhpur depuis les fenêtre de cette forteresse qui semble imprenable au vu de sa position.
De l'autre côté, le soleil va se coucher, la lumière est douce sur la ville de Jodhpur.
Après la visite du fort, on retourne en ville par le chemin en descente cette fois. Et surprenant, c’est plus rapide que l’on aurait cru. Alors que la nuit tombe vite, les gens sortent et l’effervesence de Jodhpur revient de plus belle. Diwali approche. On se mêle encore une fois à cette foule et après la frustration de la matinée avec le guide qui a cherché à nous forcer à visiter les boutiques qu’il avait choisi, on retourne pour une soirée shopping. On rentre à l’hôtel avec pleins de sacs remplis de cadeaux pour la famille. Et sur le chemin, on tombe sur notre guide qui a l’air très mécontent. Il se prend pour un policier et nous demande d’où on vient, qu’est ce que l’on a acheté, pourquoi on n’a pas voulu acheter avec lui plutôt. Il essaye même de fouiller dans le sac de ma copine, je commence à m’énerver aussi et lui fait comprendre que l’on fait ce que l’on veut et que l’on achète où et quand on veut et avec qui on veut. On part sur cette confrontation, il vaut mieux, on ne va pas se laisser faire par un con qui prouve par ses actes qu’il n’a pas été honnête avec nous. En tout cas, on prend cette situation du bon côté et on se dit que cela complète cette aventure dans une oasis des mille et une nuits avec ses péripéties, heureusement sans dommages. Le soir, on mange sur une terrasse qui donne une vue sur la forteresse, une dernière soirée à Jodhpur, toujours sous cette chaleur étouffante. On se dit que l’on est pas fait pour la vie dans le désert, on a besoin d’avoir des soirées fraiches.
Jodhpur a été la ville que l’on aura finalement le moins apprécié dans ce circuit au Rajasthan. Bien que la ville bleue nous plongea dans cette atmosphère spéciale, on n’aura pas eu la même accroche que l’on a eu à Jaipur ou plus tard à Udaipur. On ne regrette pas être venu jusqu’ici car on avait suffisamment de temps mais si il y a une ville qui serait à retirer du voyage ce serait sans doute celle-ci. La forteresse de Mehrangarh et la vue sur la ville sont splendides et offrent probablement un des plus beaux endroits pour admirer le coucher de soleil, mais la ville bleue n’est pas aussi bleue que l’on peut imaginer, la chaleur rend les déplacements en journée plutôt compliqués.