La minorité hakka est disséminée dans les montagnes du Sud Est de la Chine, entre le Hunan, le Guangdong et le Fujian. Ils ont construit des batiments qui sont des immeubles avant l'ère des villes verticales et la spécificité de leur habitat en forme de cercle a fait croire aux américains qu'il s'agissait de silos nucléaires.

Départ pour trois jours à la découverte des Hakka, une minorité chinoise qui n’en est pas vraiment une. En effet, elle fait partie de l’ethnie Han, mais avec la particularité d’être un peuple « sans terre », qui s’est déplacé du Shanxi dans le Nord de la Chine vers une région à cheval entre le Hunan, le Guangdong et le Fujian. Ayant un sens du clan très développé, ils ont formé des maisons rondes, avec une seule porte vers l’extérieur, protégeant ainsi le clan des envahisseurs mais aussi des animaux. Un puit se trouve toujours au centre de ces maisons, qui compte quand même cent habitants encore aujourd’hui pour celle que l’on a visité. Les Hakkas sont pourtant réellement très accueillant et leur gentillesse extrême nous a tout simplement bluffés.

Après être descendu du bus Xiamen – Yongding en face de l’entrée d’une de ces maisons rondes, que les chinois appellent Tu Lou, nous décidons de s’éloigner des lieux les plus touristiques afin de se faire avant tout une balade en campagne. Nous demandons à un chauffeur d’une camionnette si il peut nous déposer un peu plus loin, histoire de se débarrasser des rabatteurs qui nous suivent à la trace depuis un moment. Il nous amène finalement vers un deuxième village de hakka, avec encore d’énormes battisses de vie commune. Ces battisses ressemblent d’ailleurs aux bâtiments collectifs pour ouvriers construits en France au XIXe siècle, aux grandes heures du patronat paternaliste. Il est d’ailleurs intéressant de noter à ce propos qu’en France comme en Chine, il y a une forme de fierté à vivre cette expérience de vie où toute forme de privé a été annihilée, dans des immeubles qui ont rapproché les hommes à en faire une grande famille.

La campagne alentours que l’on va finalement parcourir à moto est tout simplement exceptionnelle, des champs de thé en terrasse, des montagnes aux cimes qui dépassent d’une brume épaisse blanche, des paysans qui rentrent des champs avec leur chapeau de paille, et puis ces maisons rondes qui telles des maisons extra terrestres fascinent. Les américains en pleine guerre froide ont cru voir en ces cylindres immenses des silos nucléaires que la Chine avait construit dans le secret. Les satellites de l’armée américaine avaient photographié la région et un grand étonnement autour de ces bases secrètes s’emparait de Washington. Des espions US sont donc parti voir de plus sur le terrain (ce qui a été avéré sur certains sites que j’ai lu sur le net, des hakkas ont rencontré des blancs à cette époque de la Chine fermée, nul doute qu’ils ont du surpris par la vérité).

Suivant Antoine dont le défi était de nous faire dormir dans un Tu Lou, nous demandons à notre pilote de moto, qui n’est rien moins d’autre qu’un policier local, de nous arrêter ici. On traverse le ruisseau sur un petit pont et nous voilà devant l’entrée de la maison ronde, des grand-mère nous regardant, un brin étonné. Le soleil va se coucher, nous demandons l’hospitalité, mais finalement ils nous emmènent dans une maison en face, ce qui n’est déjà pas rien. Nous serons accueillis avec une extrême gentillesse par ces gens. Ils nous offriront du thé, de la nourriture, nous emmènerons en moto jusqu’à une chute d’eau et s’inquiéterons même lorsque nous rentrerons très tard d’une balade dans les champs de thé environnant. Le premier soir, ils nous feront visiter leur usine familiale de thé. Dans leurs propres champs, ils cultivent ce thé qu’ils nous ont offert tout le week-end. Leurs machines sont anciennes mais encore très efficace pour sécher et empaqueter le thé.

C’est le moment de dire au revoir à nos hôtes qui nous auront vraiment touché par leur accueil, pour prendre le bus, nous devons passer dans la cour d’un des voisins, éviter le thé qui sèche par terre, passer sous les fenêtres de grand mères qui nous font des signes de la main, puis prendre la route de terre sur quelques mètres. Le bus, plein, ne mettra pas trop longtemps à se vider (et aussi à vider l’estomac d’un des passagers), nous trouverons finalement des places assises jusqu’à Xiamen.