Tout en bas de la carte de Chine dans la province du Yunnan, coincée entre la Birmanie et le Laos se situe la région de Xishuangbanna, extrémité tropicale de cet immense pays. Xishuangbanna c’est une destination en vogue qui s’est développée ces dernières années et offre une expérience aux multiples saveurs où les cultures chinoise, de la minorité Dai, birmane, laotienne et thaïlandaises se rencontrent et s’entremêlent dans un cadre sauvage encore préservé. 

Xishuangbanna correspond à la région la plus au Sud du Yunnan, dont la capitale est la moderne et incroyablement propre ville de Jinghong, édifiée sur les bords du fleuve Mékong. Le Mékong qui prend sa source dans l’Himalaya, descend du plateau tibétain dans les vallées parallèles du Yunnan termine son voyage en Chine à Jinghong avant d’entrée au Laos, avant de se jeter dans la Mer de Chine du Sud à Saigon. Dans un monde sans COVID, on pourrait imaginer un magnifique voyage qui ferait partir de Saigon et remonter ce fleuve mythique jusqu’au Tibet, quelle expérience cela doit être ! L’arrivée à Jinghong par les airs est splendide, on aperçoit depuis le hublot, le fleuve qui serpente au milieu de la forêt tropicale, avant d’arriver au petit aéroport international de la ville.

La ville de Jinghong nous surprend par son atmosphère extrêmement détendue. Ici on ne sent pas dans la Chine stressée qui avance à toute vitesse, on sent que l’on prend le temps à Jinghong. Mais ce qui nous frappe le plus est l’état de la ville. Les rues sont propres, les bâtiments sont en très bon état, les abords du fleuve sont très bien développés, et surtout il y a un réel effort pour conserver une certaine harmonie de l’architecture des bâtiments dans toute la ville.

Le quartier touristique de la ville se concentre autour du marché de nuit de Jinghong. C’est dans ce quartier que l’on ressent le plus l’effort de planification, le résultat est admirable. On sent que le Xishuangbanna est une région développée sur le tard et donc bénéficie du retour d’expérience des autres villes touristiques de Chine. Il y a des arbres partout, un rappel architectural à la culture Dai, des rues très bien agencées, on sent que l’on est dans une zone touristique, mais on vit l’expérience avec plaisir et on ne ressent aucune contrainte à ce développement. Il y a beaucoup de restaurants et cafés qui font un bel effort pour décorer et s’embellir.

Les plus grands buildings de la ville s’insèrent très bien dans l’environnement, ils offrent même une superbe touche moderne à l’ensemble.

 

Dans le centre-ville de Jinghong, on ne peut pas manquer le parc de Manting, construit autour d’un petit lac. L’entrée est payante (40 RMB), mais on y découvre des pavillons à l’architecture traditionnelle de la région, tout cela dans un cadre arboré splendide.

La région du Yunnan est reconnue pour sa biodiversité remarquable, une profusion d’espèces animales et de plantes unique au monde. Il existe plusieurs parcs pour découvrir la végétation de la région, il est possible de se rendre au Wild Elephant Valley à une soixantaine de kilomètres de Jinghong et qui mériterait le déplacement, où alors si on manque de temps, il existe un parc botanique au Nord de la ville qui est intéressant aussi. Ici on retrouve de nombreux parcs qui exposent différentes espèces, comme il n’y a pas beaucoup de monde, la balade au bord de l’eau est reposante.

Le grand stupa de Jinghong est le nouveau centre touristique de la ville, cet immense édifice religieux est devenu le symbole de la ville. Le marché de nuit qui est organisé tous les soirs entre la stupa et le Mékong est clairement une des meilleures expériences de marché de nuit de toute la Chine, il est très grand l’ambiance est bouillante.

Musique à fond, stands qui vendent des souvenirs, étals pour manger des brochettes en s’installant au bord de l’eau avec une bière laotienne, il ne faut en aucun cas manquer ce marché. Nous y reviendrons plusieurs soirées pendant notre séjour tellement cela nous a plu.

L’attraction principale du marché de nuit de Jinghong, ce sont les photographes qui proposent de poser avec des costumes Dai devant les monuments. C’est une pratique très courante en Chine qui trouve son paroxysme ici à Jinghong, on a l’impression que tout le monde joue le jeu et se transforme en modèle le temps d’une soirée. Bien sûr, on ne résiste pas à l’envie de participer nous aussi, le résultat est plutôt réussi je trouve.

Aujourd’hui, nous décidons d’explorer la campagne du Xishuangbanna en prenant un chauffeur. Nous lui avons demandé de nous emmener dans des villages de minorité Dai afin de découvrir leur mode de vie ancestral. Il y a beaucoup de villages qui acceptent de recevoir des visiteurs et les accueillent avec des explications, mais il faut faire très attention car en période COVID il y a aussi de nombreuses routes qui sont fermées, ou avec de nombreux checkpoints, il y a aussi un vrai risque de se retrouver coincé dans un village avec l’interdiction de partir. C’est pour cela, que l’on n’a pas loué de voiture et que l’on se laisse conduire par quelqu’un du cru. Ça ne rate pas, on prend la direction du Laos en suivant le Mékong et un peu après la sortie de Jinghong, le premier – et heureusement le seul checkpoint de la journée – on est vraiment chanceux car on passe sans que les policiers nous demandent nos papiers, sinon je pense que l’on en aurait pour un moment et perdu beaucoup de temps à attendre.

J’avais noté de nombreux villages, notamment certains recommandés dans le Lonely Planet même si on ne peut pas dire qu’il soit très exhaustif sur le Xishuangbanna, où d’autres sur Mafengwo et Xiao Hong Shu. Le chauffeur nous dépose à un village sans prétention. Ici, des femmes nous accueillent et nous font une explication complète sur le mode de vie des Dai avant de nous amener à l’inévitable vente de produits en argent. On apprend que les Dai vivent dans une société plutôt matriarcale. Les hommes travaillent l’argent tandis que les femmes s’occupent des cultures.

Ils vivent dans des maisons en bois, le rez de chaussée était utilisé pour les cochons et aujourd’hui pour les voitures et motos.

Le temple du village sert de lieu de culte, d’école et de maison de retraite.

Au centre du village, on trouve un monument avec une pierre recouverte de couleur dorée, qui ressemble énormément à ce que l’on peut imaginer de l’autre côté de la frontière en Birmanie.

Nous partons en direction d’un autre village pour la suite de la journée. Nous allons à Manyuan, qui a une certaine réputation au Xishuangbanna car ce village avait participé à l’émission de CCTV 7 pour l’élection des 10 plus villages de Chine. Il faut dire que le village est magnifique, avec ses maisons de bois, surmonté par un grand temple bouddhiste.

On mange dans un des seuls restaurants du village, le poisson et le poulet est cuit au feu de bois dans une cuisine rustique.

Après le repas, on se promène dans les ruelles fleuries du village.

On arrive à un point de vue sur les toits de tuiles noires.

On arrive au temple du village, les jeunes moines passent la journée à jouer au basket en jupe et tongs, leur niveau n’est pas mal du tout, donc le temple lui-même est vide à cette heure-ci.

Le temple est décoré avec une profusion d’or et de céramique, comme à Jinghong, on ressent l’influence Sud Est Asiatique dans beaucoup d’aspects de la vie des habitants de la région de Xishuangbanna.

On a une jolie vue un peu bouchée sur le village en contrebas.

Ici aussi, au centre du village on retrouve un monument avec une pierre dorée dans un pavillon.

C’est aussi dans le village de Manyuan qu’une émission populaire en Chine de la chaine Hunan TV a été tournée en 2018. Le lieu de tournage est devenu une attraction touristique avec un ticket d’entrée (le seul ticket d’entrée que l’on a payé de la journée).

Le cadre est bucolique mais je ne comprends pas vraiment l’intérêt du lieu, peut-être parce que je ne suis pas suffisamment calé en TV shows chinois.

Nous finissons la journée sur les bords du Mékong à Jinghong. Une magnifique promenade a été aménagées sur les berges du fleuve et on a une vue sur le grand pont de la ville.

Les immeubles du centre touristique de Jinghong sont illuminés par le soleil couchant.

On peut prendre un bateau pneumatique pour faire une balade sur ce fleuve mythique. Je ne sais pas pourquoi je ressens une grande attraction pour le Mékong, rien que le nom Mékong fait émerger en moi des émotions de grands voyages, et c’est un grand bonheur de pouvoir naviguer sur ses eaux.

Le bateau nous dépose sur la berge tout au Sud de la ville, nous remontons à pieds sur un chemin boueux où les engins de chantiers font un vacarme pas possible, il y a un point de vue sur Jinghong depuis la crête, mais comme le soleil est déjà passé derrière les nuages, on rebrousse chemin avec seulement cette photo à l’atmosphère triste.

On retourne pour le diner et le début de la nuit sur les berges illuminées de Jinghong, où il y a une enfilade de restaurants et bars, ainsi qu’un marché de nuit. Attention ce marché de nuit n’a pas du tout la même atmosphère que celui de Gaozhuang, de l’autre côté de la ville.

Ce matin nous partons pour le parc de Yexiang Gu, à une trentaine de kilomètres du centre-ville. Il est possible de prendre un taxi à l’aller et d’en appeler un autre au retour, donc ici aussi pas besoin de louer une voiture pour rejoindre ce site. Yexiang Gu fait partie d’un immense parc national, une immense zone de 1,5 million d’hectares de forêt tropicale protégée où vivent plusieurs centaines d’éléphants d’Asie et autres mammifères bien cachés. Il est possible de tenter sa chance à Yexiang Gu d’apercevoir des pachydermes, il y a d’ailleurs des panneaux sur l’autoroute et la route nationale qui préviennent de la présence potentielle d’éléphants sur la route.

Malheureusement pour nous, aucun signe d’éléphants lors de notre marche à Yexiang Gu. Bon on était prévenu qu’il faut beaucoup de chance, c’est pourquoi le parc a tout prévu et des spectacles sont organisés à l’entrée, mais ce n’est pas spécialement à notre gout et on passe notre tour. Au contraire, on prend directement la télécabine qui survole la canopée pendant une demi-heure. Le cadre est magnifique, on essaye de scruter le moindre signe de mammifère, mais on ne verra surtout des immenses araignées qui ont tissé leur toile à la cime des arbres. Des oiseaux au plumage rouge nous passent aussi devant pour se poser sur un arbre. La forêt nous rend en tout cas très humble, on ne saurait comment se sortir de cet enfer vert.

A l’arrivée de la télécabine, un chemin en bois permet de revenir jusqu’à l’entrée du parc en passant au dessus de la forêt vierge en longeant la rivière.

Malheureusement on ne verra pas la trompe d’un éléphant, mais seulement deux primates qui dorment sur un arbre au niveau de la passerelle, comme par hasard sur le chemin et proche du panneau d’information.

Le parc est quand même principalement adapté pour les familles qui peuvent se promener dans une forêt tropicale sans les dangers et désagréments, néanmoins on repassera pour l’aventure. Le seul moyen de voir les éléphants en vrai c’es de rejoindre le stade pour les voir faire des présentations pour les touristes.

On rentre à Jinghong en prenant un des taxis qui attendent à l’entrée. En moins d’une heure il nous dépose devant un restaurant où l’on mange un des plats typiques de la région. Un riz avec pleins d’assortiments présenté sur un panier recouvert de feuilles de bananiers.

On se promène dans le marché de Jinghong alors que le soleil se couche et l’animation commence à monter petit à petit.

On a une magnifique lumière que l’on admire depuis les berges du Mékong.

La nuit est maintenant bien tombée, on retourne avec plaisir sur la place principale où l’ambiance est géniale.

Aujourd’hui il faut rentrer à Hangzhou, mais avant je visite le dernier grand temple de JH que je n’avais pas encore visité, car on l’avait raté lors de notre promenade dans le parc de Manting. Les deux sites étant collés l’un à l’autre. Cette fois je trouve l’entrée par la porte Sud. Le temple est grandiose dans le style de Xishuangbanna. C’est un véritable lieu de culte et il faut prendre le temps de visiter les différents bâtiments et le parc.

Il y a beaucoup de détails à admirer dans toute cette profusion de dorures.

Je récupère mes bagages à l’hôtel pour rejoindre l’aéroport. Sur la route je passe devant la nouvelle gare de Jinghong, qui fait étape entre Kunming et Vientiane sur une des premières lignes à grande vitesse transnationale construite par la Chine. On est dans les derniers préparatifs ; la ligne ouvre dans moins d’une semaine. Les abords de la route sont fleuris et des décorations d’éléphants sont installées aux carrefours provoquants des embouteillages.

J’arrive enfin à l’aéroport mais malheureusement on m’annonce que mon vol est annulé. Ils me proposent un vol avec escale dans le Guizhou en fin de journée à la place. Il n’y a pas d’autres choix depuis ce petit aéroport de province pour Hangzhou. J’accepte et je décide de tuer le temps en retournant en ville une dernière fois manger un repas traditionnel.

Je suis venu à Jinghong avec beaucoup d’appréhension, j’avais toujours voulu venir dans ce coin reculé de la Chine pour voir mais j’avais peur d’arriver dans une copie de Thaïlande au rabais fait pour les touristes chinois qui ne veulent pas se risquer à sortir du pays et de sa sécurité et confort. Finalement, on a trouvé une très belle atmosphère dans cette région, bien sur que la région s’est tournée vers le tourisme et a adapté son offre pour accueillir les touristes du Nord. Mais le bilan est que cela a été bien fait. La zone touristique est très jolie, le reste de la ville n’est pas mal non plus. L’ambiance est très relax et on peut naviguer autour de Jinghong vers de très jolis villages. C’est donc un coin de Chine que je ne peux recommander en hiver pour fuir le froid de Shanghai ou Beijing.

 

Quelques détails pratiques:

  • Beaucoup de vols directs depuis les grandes villes de l'Est en direction de l'aéroport de Jinghong, souvent appelé aéroport de Xishuangbanna
  • Privilégier un hôtel dans la zone touristique
  • Il est possible de visiter les villages proches du Laos et de la Birmanie sur plusieurs jours pour faire des randonnées, mais attention aux nombreux checkpoints. Je ne privilégie donc pas de louer une voiture sans chauffeur dans cette région frontalière