Après avoir parcouru les routes les plus courues de l’île par les touristes, nous commençons la vraie aventure. Nous quittons le bitume pour traverser du Sud au Nord par la route F-35, et c’est un monde tellement différent qui se laisse découvrir devant nos yeux. Sauvage, hostile, grandiose, vide, cette partie du pays est stupéfiante de beauté brutale. Notre itinéraire nous amène au massif de montagne d’origine volcanique encore actif de Kerlingarfjöll, un de nos coups de coeur de notre voyage.
Après cette très bonne nuit à la guesthouse de Mengi Kjarnholt, nous prenons un très bon petit déjeuner convivial avec tous les autres voyageurs qui se lèvent les uns après les autres. On avait prévu un départ très matinal pour profiter à fond de la journée mais l’atmosphère est tellement agréable que l’on se lance dans de belles discussion. Une famille allemande a passé la veille sur les chemins de randonnée de Kerlingarfjöll et on leur pose pleins de questions car on se demande à quoi s’attendre sur la route F-35, notre première F-road sur laquelle on compte s’engager. Ils nous confirment qu’il n’y a pas de rivière à traverser mais que la dernière partie de la route est vraiment difficile et qu’ils ont eu beaucoup de difficulté avec la pluie qui rendait la piste très glissante. Avec la terre orange, ils ont du passer la soirée à nettoyer leurs vêtements et chaussures car ils étaient remplis de boue. Mais ils nous confirment que la destination vaut les épreuves du voyage car Kerlingarfjöll les a vraiment impressionné. On est impatient d’y aller et après avoir rempli notre bidon d’eau potable, on roule jusqu’au bout de la route bitumée. Ici un panneau prévient que seuls les véhicules 4x4 sont autorisés à rouler, on passe en mode 4 roues motrices et on continue notre chemin.
La piste est roulante, très agréable d’ailleurs, il faut même faire attention à ne pas se sentir trop en confiance car on a tendance à rouler assez vite, la limite de vitesse est à mon avis un peu trop ambitieuse et il vaut mieux rester autour de 60km/h pour être en sécurité. Les paysages sont vides de présence humaine, on est dans la nature brute, le vent souffle très fort, il fait froid. On traverse un pont au-dessus d’un lac qui s’est formé sous les grands glaciers. Le temps est noir, on se sent si petit dans ce cadre.
On peut voir des volcans éteints au loin, selon le GPS, c’est derrière ce massif que se trouve notre destination du jour, au milieu des nuages, on se croirait dans une ambiance à la seigneur des anneaux.
Des ponts sont installés au dessus des rivières, ce qui rend la F-35 parfaite pour une première expérience de F-road en Islande, et on a de la chance car le soleil pointe maintenant le bout de son nez et la route est bien sèche, on arrive à Kerlingarfjöll sans aucune difficulté.
Un peu avant le parking, il y a une vue superbe sur un canyon profond qui nous permet de faire une petite pause après une heure et demi de route bien secoué.
Arrivé sur le parking de Kerlingarfjöll, c’est comme si on était dans un autre monde, la vue est tout simplement incroyable ! Alors qu’il faisait beau et une température agréable quelques minutes avant, ici c’est la tempête avec des nuages très bas, un vent tellement fort que l’on arrive pas à tenir les portières de la voiture ouvertes. On s’habille péniblement avec notre veste coupe vent, un surpantalon étanche, nos chaussures de marche, le bonnet et même les gants, heureusement que l’on est bien équipé.
On prépare un encas dans le sac et on part sur les chemins incroyable de Kerlingarfjöll.
Comme nous avaient prévenu les voyageurs allemands, le chemin est boueux, la terre mouillée colle sous les chaussures et c’est difficile de marcher facilement, cela nous ferait presque tomber et on a pas vraiment envie de se retrouver couvert de boue. Le vent nous glace même à travers nos vêtements techniques. On se demande si on est encore sur la planète Terre, on se demande si on a pas voyagé dans l’espace à l’image du héros du film Interstellar.
Les autres marcheurs avec leur silhouette au loin donne la mesure des paysages, cela donne des photos magnifiques.
Il y a de nombreux sentiers de randonnée qui partent depuis le creux de la vallée où coule une rivière aux différentes couleurs, on peut faire une boucle de 3 heures, ou alors une longue marche qui fait tout le tour de la région. On choisit de faire la boucle qui permet de voir une bonne partie des montagnes colorées de Kerlingarfjöll.
Avec ce sentier, on peut monter tout en haut de la crête au milieu de ce paysage incroyable jusqu’à un point de vue qui domine toute la région, puis redescendre par un autre chemin où l’on est vraiment à flanc de montagne.
Le paysage est tellement fascinant, on n’en revient pas, avec toutes ces couleurs différentes, le vent souffle très fort, mais il y a une légère odeur de souffre dans l’air, les éléments sont en furie ils ne nous épargnent pas.
La rivière qui coule au fond de la petite vallée coule depuis les glaciers accrochés au montagnes, l’eau se fraye un chemin puis s’écoule en serpentant au milieu de ce relief.
Il y a une grande activité volcanique, la montagne est vivante et les fumerolles qui sortent du sol nous fait marcher l’imagination. On s’imagine avoir quitté la terre et être arrivé sur la planète de Vénus.
La bonne nouvelle, c’est qu’au fond de la vallée, on est bien à l’abri du vent, la fumée qui sort du sol est chaude, elle réchauffe aussi le fond de l’air et c’est très agréable. Cela nous repose après la tempête de vent que l’on vient de subir sur la crête.
Avant de partir sur le chemin de randonnée principale et faire la petite boucle, on monte un petit peu sur la grande boucle pour avoir une vue sur la plus haute montagne de Kerlingarfjöl. Elle est magnifique avec ses crevasses où les neiges éternelles amène une touche de blanc qui contraste avec la couleur ocre de la terre.
De près les montagnes sont en fait constituées de terre marron, comme du sable aux différentes couleurs qui a été déposé par tas ici et là.
On prend le chemin de la petite boucle, et plus on s’élève plus on peut prendre la mesure de ce paysage.
On s’approche des glaciers qui ont aussi plusieurs couleurs à leur palette, avec certains aux reflets bleutés magnifiques.
La zone est riche en pierres volcaniques. Sur la montée du chemin, le sol est couvert d’obsidienne. Cette pierre est d’aspect vitreux et d’un noir très profond. On avait promis aux enfants de leur en ramener donc on ramasse quelques cailloux que l’on met dans la poche. Pas des trop gros pour éviter d’alourdir le pas.
Il y a une superposition des couleurs entre le noir de la pierre, le vert de la mousse, l’orange de la terre et le blanc des glaciers, sans oublier le noir des nuages de tempête.
On arrive tout en haut de la crête, on a donc fait la moitié du chemin. En comptant tous les arrêts où l’on a contemplé le paysage, où l’on a pris des photos, où l’on a mangé un snack, il nous a fallu environ deux heures. Deux heures quasiment que de montée sans arrêt.
Ce n’est pas tellement exigeant physiquement grâce à toutes ces pauses successives, et on est tellement content d’être là, la vue depuis la crête vaut vraiment l’effort.
On continue la boucle qui nous ramène dans la vallée d’où nous sommes partis. Cette partie est plus compliquée car il y a beaucoup plus de boue et les chaussures s’enfoncent profondément, il est difficile de lever les pieds, ça colle un peu. Il y a des fumerolles qui traversent le chemin.
D’ici on a l’impression d’être un peu au bord de la zone la plus colorée et on peut en apprécier des détails splendides.
La descente prend un peu plus de temps car c’est plus à pic, et toujours cette boue qui colle sous les chaussures.
Il faut donc être très attentif pour ne pas perdre l’équilibre. A certains endroits le chemin n’est pas très large et on marche sur la crête.
Avant de redescendre, on profite encore de cette vue pour faire des belles images. Le paysage est tellement magnifique qu’il n’est pas compliqué de faire des photos extraordinaires.
On arrive finalement en bas dans la vallée. L’eau est chaude et a un aspect verdâtre, elle s’écoule depuis les trous dans le sol où s’échappe aussi des fumeroles.
Mais quelle journée incroyable. On a vraiment un coup de coeur pour la région de Kerlingarfjöl, c’est vraiment un endroit particulier où l’on peut marcher au milieu d’un décor digne d’une autre planète. On retourne au parking, nos chaussures sont dans un sale état.
Heureusement on a une deuxième paire de chaussure, le sur pantalon est dans un état similaire avec beaucoup de taches de boue orangée, on se déshabille malgré le vent extrême qui rend la tache plus compliquée que ça en a l’air. On reprend la route et on revient dans ce paysage désolé si caractéristique des highlands islandais.
On s’arrête sur la route au canyon qui se trouve un peu avant Kerlingarfjöl et que l’on avait pas remarqué à l’aller car il était dans notre dos.
On doit maintenant décider de la suite de la journée. Soit on revient vers le Sud du pays, d’où on vient, soit on continue la route en direction de la zone géothermique de Hveravellir puis les villes de la côte du Nord. Il n’est pas encore 16h alors on décide de prendre la deuxième option. Il y a une heure de route beaucoup moins agréable sur la F-35 jusqu’à Hveravellir et on passe à proximité des glaciers magnifiques.
On arrive à la zone géothermique de Hveravellir mais le temps s’est de nouveau couvert et le vent souffle très fort.
On va voir à quoi ressemble la zone de baignade mais les gens semblent avoir beaucoup de difficulté pour rentrer dans l’eau qui est trop chaude. On se démotive et on décide plutôt de parcourir le sentier qui fait le tour de la zone qui ressemble à un Geysir en miniature. Ici aussi l’eau prend des couleurs bizarres, ça fume et bouillonne.
Certains geysers sont vraiment étonnants, la zone est plutôt petite, mais cela coupe bien la route entre Kerlingarfjöl et le littoral Nord de l’île, ça vaut le coup de s’arrêter, il y a aussi un café.
Cette fumerolle est très mignonne, comme une petite montagne fumante qui s’est élevée petit à petit au fur et à mesure que les dépôts de minéraux se déposent sur les bords.
A proximité de la zone géothermique on peut trouver cette petite bâtisse typique de l’Islande. A demi enterrée, elle est ainsi construite pour se protéger du vent, avec des murs en pierre qui viennent protéger les murs en bois de la maison, c’est impressionnant.
Après cette petite pause, on a abandonné l’idée de se baigner à cause du vent qui souffle trop fort, et on continue vers le Nord. La route devient très roulante après Hveravellir, il y a même des zones bitumées et on rejoint finalement assez rapidement la route N°1. La route passe au milieu de massifs montagneux qui ont été découpé par les glaciers au cours de l’âge glacière avec des canyons où coule maintenant des ruisseaux.
Le paysage est bien plus vert que dans les zones de highlands du centre du pays. Il y a de jolis points de vue qui mérite de s’arrêter.
On choisit un hôtel à Akureyri que l’on rejoint pour l’heure du diner. Cette ville est plus grande que les autres, c’est en fait la deuxième plus grande ville du pays après la capitale Reykjavik. Ici les feux rouges ont été customisés avec un coeur rouge illuminé pour faire sourire les voyageurs.
Il y a une belle ambiance de province dans la ville, avec quelques jolis bâtiments en bois.
Après le diner on fait une promenade dans la ville jusqu’à la cathédrale qui est malheureusement en travaux. On rejoint notre hôtel pour la nuit, il s’agit du Akureyri HI Hostel qui sera un des moins chers du séjour et pourtant un des plus confortables avec une chambre étonnamment grande. On ne peut que recommander pour recharger les batteries après une journée aussi intense que celle-ci.