Aujourd’hui on continue notre exploration de la région de l’Anti Atlas autour de Tafraout en rejoignant les gorges de Ait Mansour qui se situent à une 20km au Sud de la ville par une route escarpée. Les gorges abritent une superbe oasis luxuriante avec ses palmiers et ponctuée de petits villages. Un incontournable de la région qui mérite une longue journée d’exploration.
En partant de Tafraout, on traverse d’abord le village de Aguerd-Oudad qui est connu pour son étrange rocher qui surplombe les toits et qui a été surnommé le chapeau de Napoléon à cause de sa forme
On ne s’arrête pas car malgré que la distance entre Tafraout et Ait Mansour n’est que de 20km, le GPS annonce plus d’une heure de route. La route en effet s’élève rapidement et on domine la vallée, on aperçoit les plus hauts sommets de la chaine de l’Anti Atlas qui culminent à plus de 2000 mètres.
On arrive sur un haut plateau, le vent souffle très fort et la température est très basse, on est à moins de 10°C en cette matinée, cela ne donne pas envie de sortir mais on fait quand même un effort happé par ce paysage aride et minéral.
La route plonge ensuite en lacets dans une gorge profonde, on rejoint le lit de la rivière et on s’approche de montagnes d’une couleur ocre magnifique.
Les arbres poussent dans le lit de la rivière qui nous semble asséchée, encore une fois aujourd’hui on est bien seuls ce matin sur cette route. Nous n’avons encore croisé personne.
On arrive enfin à la palmeraie de Ait Mansour, accueilli par une très jolie borne kilométrique à la décoration charmante.
D’ailleurs, c’est amusant de voir qu’au Maroc de nombreux panneaux de circulation sont similaires à ceux que l’on voit en France sur le bord des routes. Comme ici à l’entrée de la palmeraie avec cet avertissement du danger d’incendie.
Tout à coup au milieu de ce décor aride, l’eau fait son apparition et apporte la vie avec elle. De grands palmiers poussent sur les berges du petit ruisseau et s’élèvent dans ce désert de pierre.
La route pénètre dans la palmeraie et on se retrouve entouré d’une végétation luxuriante magnifique.
On souhaite parcourir la palmeraie à pieds, on ne veut pas trop conduire aujourd’hui après la longue journée sur la route d’hier.
On s’arrête devant la première auberge de la palmeraie, l’Auberge de Ait Mansour Hanane, on est accueilli par Abdou à qui on commande d’avance le déjeuner et qui nous conseille pour la ballade. On laisse la voiture à son parking et on part marcher un peu au hasard en suivant la rivière.
Les palmiers sont en très bon état, mais on remarque que les dattes sont encore sur les arbres ou tombées au sol. Abdou nous dira que les jeunes ne vivent plus dans la palmeraie et qu’il n’y a plus assez de force de travail pour tout récolter. Ils préfère tenter leur chance dans les grandes villes comme Marrakech, comme ses enfants d’ailleurs.
L’environnement est effectivement rude ici, le réseau 4G ne passe pas partout, on est loin de Tafraout et encore plus loin des attraits de la civilisation moderne que peuvent amener les grandes villes du centre et du Nord du pays. Mais le paysage est magnifique pour la contemplation, nous tombons sous le charme des gorges luxuriantes d’Ait Mansour.
Quelques villages parsèment la palmeraie, la plupart construits en hauteur. Certaines nouvelles constructions se juxtaposent aux vieilles maisons, ce sont les descendants des familles du village qui veulent garder leurs racines et réaménagent pour un petit plus de confort.
On suit le cours de l’eau. Des canaux sont aménagés pour orienter le flux vers le lit principal et ensuite redistribué sur les parcelles de cultures. Le système est ingénieux et permet une utilisation optimale de ce liquide vital.
L’environnement autour de la palmeraie est grandiose, c’est comme une grande fracture dans les montagnes ocres de l’Anti Atlas, on est entouré de hautes falaises vertigineuses.
La promenade dans la palmeraie durera plusieurs heures à marcher tranquillement. Il y a quelques petits commerces sur le bord du chemin, on croisera quelques touristes mais il n’y a pas grande foule non plus.
On retourne à l’entrée de la palmeraie, la faim nous appelle et Abdou nous amène sur sa terrasse sur le toit qui domine les arbres. On prend un thé à la menthe et on mange une omelette en se réchauffant au soleil du Sud marocain. Il faisait frais sous l’ombrage des palmiers avec le vent qui soufflait par rafales. Après ce repas simple, Abdou nous propose de grimper voir la palmeraie depuis un chemin en hauteur. On le suit sur les escarpements rocheux, il faut garder l’équilibre, mais l’effort est récompensé.
La vue depuis les hauteurs est différente, quel contraste entre l’aridité des roches de la gorge et la vitalité de la palmeraie.
On s’arrête là ou le chemin pour Tafraout démarre. L’ancien chemin permettait de rejoindre la ville en une journée de marche. Un long et difficile chemin que certains touristes refont encore aujourd’hui, cela doit être une super expérience mais épuisante.
D’ici on a une vue sur l’entrée de la palmeraie et l’auberge d’Abdou juste en face.
On récupère la voiture sur le parking puis on continue notre chemin. A la suite de la palmeraie, il est possible de rouler sur une petite route jusqu’au bout des gorges, au niveau du village de Afla Ighir. Je pense même qu’il serait possible de faire une boucle pour rentrer sur Tafraout en bifurquant au Nord mais la route serait trop longue pour nous, la journée est déjà bien avancée. En partant plus tôt ce serait surement possible. On a pu roulé partout avec la Panda, et on est bien content d’avoir choisi un véhicule de petite taille. Pourtant c’est dans ce genre de situation où on ne sait pas trop dans quelle condition se trouve la route plus loin que l’on regrette de ne pas avoir pris un Duster pour avoir une liberté d’action maximum. Tant pis, la suite de l’après midi va nous amener à des points de vue magnifique, et on fait de nombreuses étapes pour admirer le paysage qui est moins encaissé que dans les gorges. La montagne est plus large, mais elle a des formes bizarres avec des stries qui de loin semblent d’origine humaine. En regardant de plus près, les dimensions et les formes sont bien naturelles, c’est impressionnant.
La rivière fait de grands lacets avec d’innombrables palmiers autour du lit de la rivière, sur les hauteurs ont été construits de vieux villages en terre.
L’environnement de Ait Mansour est vraiment époustouflant, on enchaine les arrêts photo pour admirer ces villages qui s’insèrent tellement bien dans cet environnement naturel.
La route nous amène à prendre un peu de hauteur pour un point de vue qui domine le joli paysage.
On arrive au vieux village de Gdourt, il faut absolument venir jusque’ici car c’est sans aucun doute le plus beau des villages de la palmeraie. Il n’est pas dans un très bon état de conservation et semble délabré, mais on y découvre de nombreuses petites maisons imbriquées les unes sur les autres, un peu comme une version alternative du célèbre village de Ait Benhadou.
Le petit village de Gdourt est le dernier avant le carrefour. Comme je le notais je pense qu’il mérite vraiment l’effort de conduire jusqu’ici malgré l’étroitesse du chemin pour y accéder. En prenant son temps et en admirant le paysage qui défile sous nos yeux, c’est un réel plaisir et une jolie découverte. On n’a pas l’impression d’avoir croisé beaucoup d’autres touristes sur cette route, il n’y a pas beaucoup de monde qui semble venir jusqu’ici mais pourtant le paysage est vraiment magnifique.
On rentre maintenant sur Tafraout. En passant devant l’auberge, on salue Abdou qui discutait avec son voisin. Il nous demande si on peut le déposer au marché en ville avec lui. Un sacré personnage avec une facilité de communication assez incroyable. Sur la route nous discutons avec lui de l’activité touristique dans la région mais aussi on lui demande pourquoi toutes les cultures en terrasse semblent abandonnées. Il regrette l’exode rural mais le comprend mais c’est sur que ces régions ont perdu beaucoup de population et sont à l’écart du développement du pays. C’est le jour de marché à Tafraout, on en profite pour faire des achats de souvenirs avec les incontournables babouches de Tafraout puis on mange chez Nour, un restaurant chez l’habitant vraiment succulent que l’on recommande. C’est notre dernière soirée à Tafraout, lors de notre diner, on est assis à côté d’une table avec un couple de presque 80 ans qui sont venus avec leur Peugeot 5008 depuis la France pour visiter le Sud du pays. Une belle soirée de discussion, c’est aussi ça les voyages, ces rencontres fortuites avec d’autres voyageurs, c’est ce qui donne cette saveur que l’on apprécie tant. Tafraout nous a comblé, on pense que l’on aurait pu avoir une dernière journée pour vraiment prendre le temps d’apprécier les environs du village, en louant un vélo par exemple afin de laisser un peu la voiture au parking, mais nous avons décidé de changer nos plans pour le lendemain et prévoyons un lever matinal pour rejoindre le désert.