Une semaine sur les routes de l’Anti Atlas, au départ d’Agadir, station balnéaire baignée par la grandeur de l’océan atlantique et un climat parfait en fin d’année qui nous mènera découvrir les paysages désolés et les oasis le long des routes sinueuses du dernier grand massif montagneux avant les étendues sableuses du Sahara. Région moins touristique du Maroc, on y trouve un rythme plus lent et des relations plus simple sans pression touristique comme on peut avoir dans d’autres régions plus visitées du Nord du pays. Cette région est parfaitement adaptée à un road trip comme on l’a fait, quel plaisir : nous avons parfois roulé des heures sans croiser un seul véhicule alors que le paysage grandiose change si rapidement sous nos yeux. Première étape entre Agadir et Tafraout, sur les routes de l'Anti Atlas.
Nous atterrissons à Agadir en fin de journée, le coucher de soleil depuis le tarmac de l’aéroport d’Agadir et la chaleur de l’air comparé à Genève nous donne un avant gout du temps qui nous attend pour ce deuxième voyage au Maroc. Quel plaisir de revenir presque six ans après dans ce pays qui m’avait tellement touché la première fois. L’aéroport d’Agadir est petit et on rejoint le terminal à pieds depuis l’avion. Il ne faut pas beaucoup de temps pour passer l’immigration et la douane, on achète une carte SIM locale (le forfait Free ne couvre malheureusement pas le Maroc) et on récupère nos bagages. Notre contact pour la location de voiture nous attend à la sortie. Nous prenons possession de notre véhicule pour la semaine, une petite Fiat Panda manuelle, petit coffre mais suffisant pour deux. Cela change de ma voiture en France, mais finalement je serai content d’avoir un véhicule pas trop large sur les routes autour d’Agadir où la circulation est intense. Pour une prochaine fois dans le Sud marocain, je pense par contre que je louerai un Dacia Duster 4x4 pour avoir plus de liberté sur les routes non bitumées. Mais comme nous avons construit notre itinéraire au jour le jour, nous ne savions pas trop où nous allons aller donc c’est pour ça, pour plus de liberté, il vaut mieux prévoir d’avance un véhicule avec un champs d’action plus large. Comme il est déjà l’heure de diner, on se dirige vers Agadir pour notre premier repas marocain. On suit le guide Lonely Planet et rejoignons le front de mer pour manger au Jardin d’Eau sur le Boulevard du 20 Aout. La circulation en ce Dimanche soir est complètement folle aux alentours d’Agadir, il faut faire très attention à tous types de véhicules, à roues ou à attelage, les piétons ne regardent pas avant de traverser, les motos changent de file en oubliant un coup d’oeil dans le rétroviseur. C’est donc sportif mais on arrive sans encombre en une demi heure au restaurant qui semble t’il est plutôt touristique mais acceptable. Nous dormons sur Agadir ce soir, on a réservé en dernière minute à l’orée de la ville, car demain on part pour l’Anti Atlas, et on en reviendra ici qu’en fin de semaine.
Aujourd’hui commence l’aventure et on part en matinée plein Sud en direction de Tafraout, au coeur de la chaine de montagne de l’Anti Atlas. L’Anti Atlas est la dernière frontière avant le désert du Sahara, avec des cimes culminant à plus de 2000 mètres, un climat sec et une belle coloration ocre. Cette région n’est pas très touristique, la route traverse d’abord la plaine du Souss autour d’Agadir, où l’on aperçoit de nombreux arbres arganiers, reconnus pour la production d’huile d’argan. Ce n’est pas la plus belle section et on passe rapidement sauf pour faire une pause technique.
Puis la route commence à grimper les montagnes, les grandes serres de plantations disparaissent et laissent la place à ce paysage désolé. On remarque des traces de culture qui ont été abandonnées par l’exode rural probablement.
On aperçoit quelques bergers avec leurs troupeaux de chèvres, et on croise de petits villages. Celui-ci a été construit dans une position stratégique, à proximité de la ressource la plus précieuse du désert, un réservoir d’eau.
Les montagnes semblent avoir accueilli dans le passé une grande activité agricole. On voit des terrasses qui épouse le relief. Quelques villages subsistent mais on a bien l’impression que la plupart des terres sont abandonnées.
On arrive à un ancien village fortifié qui semble abandonné par ses habitants.
Cela fait maintenant plus d’une heure que l’on roule et que l’on admire le paysage avec de nombreux arrêts et on a croisé aucune autre voiture sur cette route. Pas de village pour s’arrêter et déjeuner ou acheter à manger, notre solitude est seulement interrompue par les quelques bergers que l’on croisera. D’ailleurs, difficile de les voir du premier coup dans la montagne, on finira par se dire que l’on a seulement l’impression d’être seul, mais en fait il y a surement toujours quelqu’un, quelque part, qui nous regarde mais que l’on ne voit pas.
Finalement, on trouve un petit restaurant en bord de route. Un vieux monsieur et sa femme nous accueille avec tous leurs chats, une étape bienvenue car la faim commençait à nous tirailler et on ne voyait pas où on aller acheter quelque chose par ici.
Pour quelques Dirhams, ils nous concoctent une omelette avec des légumes, ce qui sera suffisant pour tenir jusqu’à Tafraout.
Après cette pause agréable au soleil, on reprend la route et on enchaine les lacets, jusqu’à arriver à la Kasbah de Tizourgane, un ancien village fortifié restauré en hôtel qui domine la vallée sur son piton rocheux, une magnifique vue depuis le bord de la route.
Au début, on avait imaginé dormir ici directement après avoir atterri à Agadir, mais finalement je ne regrette pas d’avoir annulé ma réservation, car la route depuis Agadir mérite quand même d’être parcourue en journée, et avec tous ces lacets, je trouve le périple un peu dangereux. Il vaut mieux prendre son temps et profiter plutôt qu’essayer de courir. Par contre, il est vrai que cet endroit laisse rêveur avec une telle position au milieu des montagnes de l’Anti Atlas. Peut être une autre fois si on revient dans la région. En tout cas, on continue notre chemin jusqu’à Tafraout toujours sur cette route de montagne pas bien large mais les arrêts pour admirer le paysage nous permette de récupérer et de ne pas trop subir la fatigue de la conduite. Il faut dire que le paysage change beaucoup en peu de kilomètres. On s’élève au dessus d’une vallée avant de plonger du côté de notre destination finale.
Sur le haut plateau, aride, les couleurs ocres sont mises en évidence par le soleil qui commence à descendre.
Après avoir passé le plus haut col, on descend sur Tafraout. Il faut bien garder le frein moteur car cette descente et raide et interminable, il y a des camions qui nous laissent passer gentiment. Puis on arrive dans ce décor de merveilleux de la vallée des Ammeln et ses villages accrochés aux hautes montagnes rougeoyantes.
Au lieu de rejoindre directement notre hébergement, on décide de directement visiter les environs de Tafraout. On rejoint le petit village d’Aday, qui est posé au milieu des gros rochers arrondis qui ont fait la célébrité de Tafraout.
Ces blocs de granit semblent se trouver que dans le secteur de Tafraout car nous n’en avons pas vu ailleurs que dans cette vallée. Mais les habitants ont construit leurs maisons autour et le décor est superbe.
La mosquée d’Aday avec son minaret peint en rouge est l’attraction du village et mérite vraiment un arrêt.
On poursuit la route après le village d’Adam jusqu’à une bifurcation vers une route en terre. On s’engage sur ce chemin avec précaution car on ne veut pas abimer la Panda, cette route nous permet d’accéder au plein coeur de la vallée de Tafraout avec une vue panoramique sur les blocs de granit arrondis.
Certains rochers sont peints en différentes couleurs, non ce n’est pas un mirage, ce n’est pas le soleil qui nous tape sur la tête. C’est le résultat du travail initié par un artiste belge en 1984, depuis chaque année des habitants repeignent les rochers, qui attirent beaucoup de touristes et sont devenus une attraction de la région.
On se gare devant les gros blocs de granit peints. Il y a deux autres voitures sur le parking, autant dire que ce n’est pas la grande foule. On peut grimper sur ces blocs et marcher autour. Cela fait du bien après une journée de voiture.
On se dégourdit les jambes puis on s’installe pour apprécier la vue originale de cette vallée.
La lumière de fin de journée est parfait pour visiter ce site, avec le soleil qui rase de plus en plus avec ses rayons de plus en plus doux, le paysage prend une dimension spectaculaire.
Le vent souffle fort et comme on est quand même à 1200 mètres d’altitude, il faut plutôt frais. On sort les doudounes que l’on avait mis avant de partir de Genève, elles seront bien utiles pour toutes les soirées dans l’Anti Atlas Marocain, malgré ce que l’on pourrait penser.
Avec ce climat aride, sec et de gros écarts de température, il n’y a pas beaucoup de végétation qui arrive à survire. On remarque quand même ce genre de plantes qui semblent bien adaptées pour pousser autour des gros rochers.
Alors que je m’approche du bord, j’entends un grand bruit dans les broussailles, mon arrivée à effrayer un énorme cervidé aux belles couleurs que je n’ai pas pu photographier tant il a été rapide pour se cacher derrière les rochers (en bas à droite sur la photo).
On reste un moment à observer ce paysage en attendant le coucher du soleil tant on apprécie ce genre de paysage.
On reprend la route avant que l’obscurité ne tomber, on ne veut pas conduire de nuit dans un endroit que l’on ne connait pas et sur cette route non bitumée.
Sur le bord de la route, on tombe sur ces arbres aux belles formes.
Un peu plus loin, un berger surveille son troupeau de chèvres, on est super excité car ce sont des chèvres qui grimpent aux arbres arganiers pour en manger le fruit. C’est un des symboles de la région du Souss. On se gare sur le bord de la route en essayant de laisser suffisamment de place au cas où une voiture viendrait à passer puis on s’approche de l’arbre. Le berger nous salue mais on n’est pas rassuré pour s’approcher plus près avec le chien qui est très actif autour des bêtes.
On termine notre journée sur les routes de l’Anti Atlas par cette belle image typique. On rejoint notre hôtel, nous avons choisi de dormir pas très loin du centre ville dans la chambre d’hôtes de Azur Tafraout, un choix économique et simple, que l’on recommande. Les nuits sont froides à Tafraout, dès que le soleil se couche, il faut prévoir de nombreuses couches de vêtements, les hôtels n’ont pas de chauffage et il faut venir suffisamment préparé. Difficile de bien récupérer quand on n’a plus l’habitude. Mais ce sera comme cela pour toutes les nuits dans le Sud Marocain.