En périphérie de la grande plaine, Luoyang est une ancienne capitale impériale, comme sa voisine Zhengzhou. C’est clairement la ville qui attire le plus de touristes dans le Henan pour deux sites historiques majeurs, en lien avec l’introduction du Bouddhisme en Chine. Les grottes de Longmen qui sont la prolongation des grottes de Yungang dans le Shanxi et le temple du cheval blanc, Baima Si, le premier temple bouddhiste en Chine.

Les caves de Longmen ont été construit au Sud de la ville de Luoyang par la dynastie des Wei du Nord, après la relocalisation de la capitale de Datong à Luoyang. Issus des steppes du grand nord chinois, ce peuple s’est peu à peu sinisé. Dans un esprit de plus grande intégration, l’empereur a déplacé le cœur de son pouvoir dans la grande plaine du fleuve jaune, au plus près du centre de gravité de la civilisation chinoise, finalisant l’intégration des Wei à la Chine. Leur art s’exprimait avant tout dans la sculpture des caves bouddhiques, une pratique dont l’origine vient de l’Ouest de l’Inde et a voyagé grâce à la diffusion du Bouddhisme jusqu’au Nord de la Chine. Les caves de Yungang (que j’avais déjà visité, voir l’article ici) sont vraiment l’apothéose de la création des Wei du Nord. A Luoyang, on trouve la prolongation de cette pratique, qui va se poursuivre lors des dynasties suivantes.

Depuis Zhengzhou, il est très pratique de rejoindre Luoyang. En une demi-heure de train, on arrive à la gare de Longmen, à quelques kilomètres des caves. Avec le grand nombre de trains qui circule sur cette ligne peuplée, il n’y a pas de souci pour réserver juste avant de prendre son taxi pour la gare. La gare de Zhengzhou est grande et efficace. Arrivé à Luoyang, on est en périphérie de la ville, il n’y a pas beaucoup de monde et une longue file de taxis attend les voyageurs sur la droite de la gare. Dix minutes plus tard on arrive devant le site des grottes.

Les arbres ont pris une belle couleur automnale, ce qui ajoute une belle couleur à l'allée jusqu'aux grottes

L’entrée des caves a été aménagé comme un village traditionnel chinois, le résultat est pour le coup assez réussi. Il faut dire qu’il est possible de visiter les caves de nuit, elles sont alors toutes illuminées, à mon avis cela doit vraiment valoir le coup, car contrairement à Yungang, ici les cavités sont exposées au soleil donc tous les pigments ont disparu. Les jeux de lumières doivent surement créer une ambiance particulière. Le site s’étend sur un kilomètre le long des berges du fleuve Yi, un affluent du Fleuve Jaune, qui coule au Nord de Luoyang.

Ici, on est tout au bout de la chaine de montagne de Songshan. Ce détail est d’importance, Songshan étant considérée comme la montagne du centre du monde chinois antique. C’est donc un emplacement de choix de venir creuser ces grottes dans la montagne du centre, au Sud de la capitale ! Le cadre est en tout cas bucolique, le fleuve traverse ce relief en son cœur, le soleil brille, j’aperçois même un aigle.

Il existe plusieurs styles à Luoyang, on trouve des caves de l’époque des Wei du Nord, des Sui et des Tang particulièrement. Les formes, les visages et les techniques ont évolué au fil du temps.

On remarque cette pagode sculptée qui dépasse, magnifique.

La plupart des grottes ont malheureusement perdu leurs pigments, contrairement à Yungang.

 

Cette frise me semble être inspirée de l'Egypte ancienne, avec les postures en profil.

Dans cette zone, on trouve les plus belles grottes de la première époque de scultpure, elles sont imposantes, mais avec pleins de détails si on fait bien attention.

La visite continue, avec toujours autant de cavités creusées dans la roche.

On monte sur des passerelles en bois pour accéder aux caves les plus hautes, depuis les plateformes, on a une belle vue sur le fleuve Yi.

Certaines caves commencent à être recouvertes par la végétation.

Cette cave est sublime de détails. En regardant bien, on voit que les murs sont recouverts de bouddhas. Le plafond sculpté est peint d'une fleur de lotus.

Encore de belles caves dans le prolongement de celle-ci

Le nombre de caves est étourdissant

Certaines ont été malheureusement détruites par la nature ou par l'homme.

Heureusement, d'autres ont pu être très bien conservées, avec des détails splendides.

Ce qui frappe le plus à Longmen, c’est la profusion de caves construites.

La pièce maitresse des grottes de Longmen, c’est le Bouddha géant, commandé par l’empereur qui s’admire après avoir monté un long escalier. Il est accompagné de 7 personnages mythiques de la tradition Bouddhiste.

Le site domine le fleuve

Une cave retient particulièrement mon attention, malheureusement un ruban empêche de pénétrer à l’intérieur. La finesse des sculptures y est remarquable, seul un photographe attitré à été autorisé à entrer.

Plus loin, on trouve la grotte de la médication. Selon les panneaux d’information, cette grotte recèle de nombreuses inscriptions à destination des médecins afin d’étudier la médecine chinoise. Cette grotte a été considérée comme un trésor national par Zhou Enlai.

Dès que l’on s’éloigne des principales grottes, on peut marcher sur des passerelles où l’on profite d’une solitude très appréciable. Je le répète souvent, en Chine il y a énormément de touristes, mais tout le monde se concentre au même endroit, il suffit toujours de faire quelques pas de côté pour avoir la solitude la plus complète. Et c’est important je trouve pour visiter des endroits chargés de spiritualité comme les grottes de Longmen.

On remarque pleins de détails, comme ces bouddhas gravés en tout petit dans la roche.

En traversant le pont, on accède à un autre point de vue sur les grottes. La vue sur la totalité de Longmen est grandiose avec le grand bouddha en face.

Pour l’après midi, je me rends au deuxième site le plus important de Luoyang, il s’agit du temple de Baima, ou temple du cheval blanc. Il est situé à l’Est de la ville. Ce temple est le premier temple bouddhique de Chine. Il a une histoire étonnante. Alors que l’empereur a fait un rêve prémonitoire, il envoie des émissaires vers l’Ouest. Ces émissaires rencontreront des érudits indiens au Pakistan. Ils reviendront avec des sutras à Luoyang, montés sur deux chevaux blancs. L’empereur prit alors la décision de faire construire ce temple et développa ainsi l’étude du Bouddhisme en Chine. Le temple de Baima est encore vivant avec une communauté de moines qui vivent dans le temple.

Il y a une vingtaine d’années, un partenariat avec d’autres pays a permis la construction de temples bouddhiques de pays voisins juste à côté du temple chinois, pour rappeler les liens forts entre ces pays de tradition religieuse proche. On trouve le temple thaïlandais, magnifique reproduction avec toutes ces dorures.

Le complexe du temple thailandais est assez grand, c'est devenu un spot particulièrement apprécié par les touristes chinois en ces temps de COVID pour s'imaginer sortir faire un voyage à l'étranger.

Il y a aussi un temple birman, une reproduction du temple de Mandalay. Avec d’autres symboles de la tradition bouddhique birmane. Ce temple est vraiment somptueux.

Enfin, il y a aussi un temple indien. Mais ce temple resetera fermé pour le moemnt, jusqu’à nouvel ordre. Le chauffeur de taxi qui m’amène depuis Longmen m’avait expliqué sur la route la raison de la fermeture de ce temple au public. Il s’agit d’une mesure qui fait suite au conflit dans l’Himalaya entre les deux puissances. On n’en verra donc que les portes.

A côté de la zone internationale, on accède au Baima Si. Deux scupltures de chevaux ont été installées devant la porte du temple.

Les différents pavillons sont vraiment précieux. Les autels sont faits de bois sculptés finement. Comme le temple est encore en activité et beaucoup de gens sont là pour prier, j’évite de prendre en photo les effigies de Bouddha même si rien n’indique que l’on ne peut pas prendre de photos. Comme il y a beaucoup de gens qui prient, je ne veux pas les déranger.

On trouve de magnifiques autels sculptés et des décorations magnifiques très anciennes, ce qui est plutôt rare en Chine.

Le parc du temple est aussi très joli avec des pavillons où les moines s’installent et contemplent la nature.

Les feuillages commencent à prendre une couleur automnale.

Les effluves d’encens emplissent l’atmosphère.

Une pagode a été édifiée à proximité du temple, il faut marcher dans le parc pour y accéder.

On arrive enfin à la pagode, des gens prient en faisant le tour de celle-ci, dans le sens horaire

En fin de journée, je me rends depuis le Baima jusqu’au centre-ville de Luoyang. Le centre-ville a subi les affres du temps mais la mairie essaye de redonner de l’éclat à ce quartier avec des projets qui permettront de prendre la mesure de la dimension et du rayonnement de cette capitale lors de son apogée. L’ancienne porte de Lijing est imposante donne à voir les défenses de la ville impériale.

Le lieu devient particulièrement magique au soleil couchant

Derrière cette enceinte fortifiée, le vieux Luoyang se découvre de deux manières différentes. Il y a la rue rénovée qui est une enfilade de magasins pour les promeneurs et les touristes. On y trouve plusieurs batiments intéressants néanmoins.

Et puis il y a les rues adjacentes qui sont dans un état de délabrement plutôt avancé, je suis étonné même de voir certaines maisons dans cet état. Mais on voit le travail de rénovation qui est en cours. Beaucoup de chantiers sont ouverts.

Pour finir cette journée, je me rends sur la place principale de Luoyang, à l’emplacement du cœur politique de la ville impériale. Les batiments originaux n’ont pas survécu. Une constante en Chine. Mais ici, comme à Datong, on a reconstruit à neuf. On découvre donc des batiments splendides qui donnent la mesure des anciens batiments qui étaient à cet endroit précis. Il est possible de visiter les enceintes de cet ensemble de monuments refaits. Mais il est un peu tard, ils vont bientôt fermés et le prix d’entrée est extrêmement élevé. Je me contente de la vue extérieure et des panneaux d’explication qui montrent une carte de l’étendue de l’ancien Luoyang au-dessus de la carte actuelle. Quel dommage que ce passé prestigieux ne soit plus là pour témoigner de sa puissance. Luoyang fut une des villes les plus importantes du monde, probablement la plus riche en son temps. Destination finale ou commencement de la route de la soie, elle devait éblouir les voyageurs qui avaient traversé le désert depuis les confins de l’Asie ou de la Méditerranée. C’est fascinant d’imaginer cela !

Le trafic à Luoyang est chaotique, par rapport à Zhengzhou, c’est beaucoup moins bien organisé. Je trouve finalement sur Didi, le chauffeur m’appelle pour convenir d’un point de prise en charge pratique pour aller en direction de la gare car le trafic est monstrueux. On discute de ce point et je l’attends sur le bord de la route. Sa réaction quand il me voit avec ma tête blonde, il est vraiment étonné de voir que c’est un étranger ! Il me dit ne pas avoir remarqué l’accent lorsque l’on était au téléphone, on discute de la vie à Luoyang pendant le voyage. J’ai remarqué comme une constante que les gens dans le Henan sont vraiment gentils avec les étrangers, on sent qu’il n’y a pas beaucoup d’étrangers qui vivent ici et on est encore cette espèce étrange qui les rend très curieux. D’où viens tu ? Ou vas-tu ? Que fais tu ici ? Ils apprécient et sont pas peu fiers quand je leur réponds que je suis venu pour en apprendre plus sur la riche histoire du Henan, le centre de la Chine… Ils sont ravis d’avoir une conversation avec quelqu’un de l’extérieur. Sur la route, je me réserve un billet de train en fonction de l’heure d’arrivée à la gare. Le soir il y a un peu plus de monde, je dois prendre le troisième train disponible, j’attends donc une vingtaine de minutes à la gare. Le temps de passer la sécurité sans se presser, et d’accéder au quai en scannant le QR code reçu dans l’application 12306 après paiement du billet. Il est vraiment possible d’utiliser le réseau de train à grande vitesse comme un métro dans cette province, c’est vraiment idéal. Une demi-heure plus tard, je suis à Zhengzhou. Sur Baidu je jette un œil au trafic, c’est rouge partout. Je prends donc le métro jusqu’à mon hôtel. Encore une fois, le système de métro de Zhengzhou se révèle tellement pratique. Il a donné un accès à Alipay, donc on peut passer les portiques sans ticket, soit en y scannant son visage soit en scannant le QR code, ca prend une fraction de seconde et on évite les queues pour acheter un ticket à la descente du train où il y a beaucoup de monde. C’est parfait.