Chongqing est une municipalité mais la plus grande partie de la "ville" est en fait composé de campagne au charme fou. De belles montagnes traversées par de grands fleuves, comme les trois gorges du fleuve bleu, mais aussi la chaine de montagne de Xiannvshan qui est une destination fascinante pour un week-end. Puis ce temple, qui semble isolé dans cette fracture de karst classée par l'Unesco et qui est tellement photogénique.

Le district de Wulong se trouve à un peu moins de trois heures de route du centre ville de Chongqing, c'est là que l'on se rend compte de l'immensité de cette municipalité de 35 millions d'habitants. Ce n'est pas très pratique de rejoindre Wulong en transports en commun, on décide donc de louer une voiture à proximité de l'hôtel et de faire la route nous même de nuit, afin d'éviter le trafic infernal de cette ville. Mais en fin de soirée, il y a quand même encore beaucoup de monde, il faut vraiment faire attention, on passe de tunnels en viaducs, les camions ne respectent pas les consignes. On manque d'emboutir une voiture arrêtée sur la voie de gauche, oui la voie de gauche de l'autoroute sans lumière... En Chine, les sections à tunnels sont limitées à 80km/h et il est interdit de changer de voie dans un tunnel. Il y a beaucoup de radars sur ce tronçon ultra stressant. On passe de 120km/h à 80km/h toutes les deux minutes, je pense que j'ai du me faire flasher plusieurs fois. Je suis sur d'au moins une fois car mon numéro de plaque s'est affiché sur le panneau d'autoroute pour excès de vitesse. Bref, il faut avoir le coeur bien accroché pour rouler à Chongqing. A un moment donné, le GPS annonce que l'on entre sur l'échangeur le plus compliqué du monde, qu'il faut bien suivre la voie indiquée. J'ai déjà vu des photos prises en drone de cet échangeur qui est installé entre deux montagnes, le fait de rouler dessus, de nuit, dans le trafic pimenté du Sichuan c'est autre chose. La dernière partie de la route jusqu'à Wulong est moins fatigante, à mesure que l'on s'éloigne du centre, la circulation est moins dense, mais les camions sont toujours là. Après des tunnels de plusieurs dizaines de kilomètres, on sort enfin à la sortie de Wulong. Ce district est encastré entre de hautes montagnes, fait d'immeubles impressionnants tous éclairés la nuit. On prend la route qui monte à Xiannvshan, la dernière section est faite d'une route de montagne avec épingles à cheveux sur une vingtaine de kilomètres. J'arrive épuisé après 3h de route à l'hôtel en face de l'entrée du parc naturel de Wulong. On a trouvé un hôtel pour une nuit. Malheureusement, le check-in ne se fait pas facilement, à la vue de mon visage blanc et de mon passeport, la réceptioniste tire la gueule et ne veut pas m'enregistrer. Après une longue discussion sur la compréhension des consignes pour le COVID qui s'appliquent aux étrangers, elle appelle la police... Bienvenue à Xiannvshan ! Après lui avoir répété qu'elle sur interprète les consignes, que j'ai tous les documents nécessaires, qu'il est minuit et que l'on aimerait juste se reposer une nuit, elle cède en disant de rester prêt lorsque la police viendra. Super, finalement la police ne viendra pas, en effet mon dossier était complet et elle a complétement paniqué plus que nécessaire. Mais il faut quand même le dire honnêtement, ce n'est pas facile d'être un voyageur étranger en 2020 en Chine. C'est même très éprouvant et enlève une grande partie de la saveur. Surtout pour moi qui parle la langue, qui me suis intégré après tant d'années, qui fait les efforts, être rejeté comme cela touche quand même un peu au moral.

Après une courte nuit, on prend un petit déjeuner matinal pour arriver tôt dans la zone de karst de Wulong. Cette partie du parc a été classée par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité. Il s'agit d'une énorme fracture dans la montagne, avec des ponts naturels au milieu desquels passent un ruisseau. C'est magnifiquement bucolique, mais il fait très froid dans la fracture, avec le vent qui s'engouffre dans les cavités. Il faut être bien couvert, mais la vue est tout simplement magique. Ce matin il n'y a pas trop de monde, de toute façon Xiannvshan n'est pas du tout un endroit très connu encore.  

Une statue représentant des joueurs d'échecs a été installé à l'entrée de la cavité. En photo on a du mal à se rendre compte de la dimension de cette grotte. 

Cette curiosité est censé représenter un éléphant, mais j'ai personnellement du mal à le voir.

Le clou du spectacle, c'est cette vue sur ce temple isolé au fin fond de la fracture. Quelle image forte. Il faut savoir que l'on retrouve ce temple dans un film chinois de Zhang Yimou, c'est un lieu reculé qui donne à imaginer une vie monastique reculée.

Dans le passé, ce temple était en fait un relais postal sur la route de Furong, il a été rénové il y a une vingtaine d'années et Zhang Yimou a trouvé ce lieu parfait pour imaginer un temple reclus où les héros se sont réfugiés. Se pensant à l'abri, ils n'imaginent pas que les ennemis se posteront en hauteur, à peu près à l'endroit où je prends cette photo pour lancer une attaque surprise de nuit.

Un autre film très connu a été tourné à cet endroit, il s'agit de transformers, une scène de combat se déroule au milieu de cette cavité qui est donc devenu connue grâce aux différents films.

Grâce à ce touriste on peut mieux se rendre compte de la dimension du pont naturel. Des infiltrations d'eau passent dans le karst, en passant sous les arches on a l'impression qu'il pleut.

Le soleil commence à éclairer l'intérieur de la fracture karstique. Néanmoins, il fait encore très froid. On fait les lézards et restons une dizaine de minutes sous ce rayon de soleil pour se réchauffer un peu.

Quelle vue, je suis vraiment tombé amoureux de ce lieu qui dégage une telle atmosphère. 

Le temple refait ne présente pas tant d'intérêt, si ce n'est sa localisation merveilleuse.

En regardant en arrière plan la taille des touristes par rapport à la cavité, on se rend mieux compte. En fait avant de venir ici, je n'avais vu qu'une photo du temple et rien d'autre, je ne m'attendais en fait pas à cela. En fait la zone de karst se visite sur un chemin que l'on peut parcourir en une heure et demi, on suit le ruisseau qui parcoure la fracture, en suivant les différentes arches. C'est une très belle promenade qui prend une demi journée.

La végétation est luxuriante.

On croise de nombreuses cascades qui sortent de cavités dans le karst et rejoignent le ruisseau principal. On entend de nombreux oiseaux, dont un aigle. Sur un panneau, on apprend que le parc abrite une faune et une flore très riche, dont un fameux pangolin. Mais on n'en verra rien.

On continue notre chemin vers la troisième arche, représenterait une épée.

La dernière arche est tout aussi grandiose, en saison il est possible d'apercevoir plusieurs cascades, mais aujourd'hui on ne verra qu'un filet d'eau.

A la sortie, le chemin est bien escarpé, en se retournant, on a l'impression que deux gros yeux nous regardent avec interrogation.

La fin de la promenade se fait dans une partie plus espacée, le soleil passe enfin et nous réchauffe, ca fait vraiment du bien. Quelques arbres ont pris leur couleur automnale.

Après un repas un peu cher dans un restaurant en bord de route qui n'avait pourtant rien de particulier, on récupère la voiture et on monte jusqu'au plateau de Xiannvshan. Ici aussi, les procédures pour rentrer en tant qu'étranger sont longues, mais la personne en charge des billets est très agréable et rend le processus tout à fait supportable et sympathique, ça change de la réceptionniste de la veille. En tout cas, pour le moment on ne peut pas dire que Wulong est une région très accueillante globalement. Peut être que ce n'est pas encore assez développé pour que beaucoup d'étrangers viennent jusqu'ici, donc ils ne savent pas comment faire. Le plateau de Xiannvshan se découvre d'une manière originale, en prenant un petit train qui fait le tour de grasslands au charme alpin incroyable pour le Sud Ouest de la Chine. Le fond de l'air est frais, on voit des sapins, des chevaux et des chèvres en liberté. Il n'y a pas beaucoup de monde ici, mais est ce que l'on est toujours en Chine ? 

Il est possible de faire plusieurs activités sur le plateau, mais tout cela ne semble pas encore bien fini. Un centre équestre, un centre de motocross, et en hiver même du ski ! Ce sera surement prêt pour l'année prochaine... En attendant on profite d'un paysage tout à fait photogénique.

Cette route, qui fait le tour des grasslands est particulièrement adaptée pour de belles photos inspirantes.

On décide de ne pas prendre le train et de parcourir cette route en sens inverse sur la passerelle de bois aménagée. Le temps est idéal pour cela; les chevaux sont habitués aux touristes et au petit train, ils paissent tranquillement sur le bord de la route sans prêter attention aux photographes de mariage qui s'activent dans son champs.

La verdure de ce coin de Chine semble pas du tout réelle, et pourtant on est à Chongqing...

Sur cette photo j'ai plus l'impression d'être dans les environs d'Annecy dans la Savoie rurale vallonnée.

Le district de Wulong nous a vraiment laissé une super impression. Ce coin de Chongqing mérite vraiment de passer une journée à en découvrir ses attraits. Une journée complète suffit, je conseille quand même de dormir sur place pour éviter de faire 7 heures de route dans la même journée, comme décrit plus haut le trafic infernale est épuisant. D'ailleurs, alors que l'on reprend la voiture au parking de la station du petit train, j'allume le GPS qui indique presque 4 heures de route jusqu'au parking de l'aéroport où je dois poser la voiture. C'est plus qu'à l'aller, car pour arriver au plateau, on a grimper tout en haut de la montagne, il faut maintenant redescendre tout en bas de la vallée pour récupérer l'autoroute et refaire les 200km de viaducs et tunnels. Je suis enchanté ! Au retour, je comprends encore moins les limites de vitesse qu'à l'aller, tantôt trop vite tantôt trop lent, le GPS s'emmêle aussi les pinceaux, je pense que j'ai du prendre plusieurs flashs au retour aussi. Surtout que des fois j'ai cru que la vitesse était limitée à 120km/h alors qu'elle devait être de 80km/h. Bref, je sais qu'en Chine parfois les flashs s'activent pour rien mais là je crains pour mes points et mon permis. Je recommande de rouler vraiment prudemment dans ce coin de Chine, de ne pas complétement se figer au GPS et de bien regarder les panneaux. C'est encore une fois complétement épuisé par ce parcours que j'arrive à l'aéroport de Chongqing, je ne pense qu'à m'écrouler dans mon lit tellement je suis cassé. Après cette courte nuit, cette longue journée à marcher puis la route, les voyages en Chine ça se mérite parfois ! On est quand même content d'avoir fait l'effort d'être allé aussi loin, c'est vraiment un joli coin pas encore très connu.