La région du Guizhou dans le Sud Ouest de la Chine fait partie des régions les moins développées du pays, mais aussi une des plus rurales. Le terrain accidenté est magnifique, les montagnes sont presque toujours enveloppées d’un voile nuageux brumeux, la végétation est luxuriante et il pleut beaucoup ici, de nombreuses minorités ont construit des villages et développées leur propre culture pendant des siècles. Le village de Xijiang à proximité de Kaili est le plus gros village de la minorité Miao, construit à flanc de collines, il est déjà très développé pour le tourisme mais permet de découvrir leur culture dans un paysage époustouflant.

Le Guizhou est une des plus belles régions de Chine, assurément. N’ayant que quelques jours à disposition, je choisis de me poser dans le village de Xijiang, du fait de sa proximité avec les lignes de train à grande vitesse (le segment de Changsha – Guizhou) et de la beauté du paysage. Je savais que ce village, un des plus connus de la région avait déjà investi à fond dans l’accueil des touristes à gros volume, et en Chine cela veut dire souvent une rénovation complète de tout le patrimoine, l’ajout d’une enfilade de boutiques de souvenirs, et les nombreux groupes de touristes du triptyque diabolique drapeaux - casquettes - mégaphone. Depuis la gare de Kaili South, un bus direct nous amène directement à l’entrée du village en moins d’une heure. Il faut payer un droit d’entrée de 65 RMB pour trois jours en comptant quatre tickets de navette (dont un aller retour entre la grandiose porte d’entrée et le village lui-même). C’est le prix à payer aujourd’hui en Chine pour accéder aux endroits les plus beaux du pays, on repassera pour l’authenticité. Néanmoins, même dans ce genre d’endroit, il est possible de retrouver cette valeur mais on en parlera un peu loin dans ce carnet.

Le village de Xijiang est fait de maisons en bois accrochés à flanc de colline. En son centre coule un torrent vigoureux traversé par des ponts couverts.

Le nom complet du village est Xijiang le village Miao aux mille maisons. C’est vraiment l’impression que cela donne, c’est magnifique. A l’origine, le village était beaucoup moins étendu, c’est après avoir ouvert le village au tourisme que de nombreux hôtels ont poussé, heureusement en respectant quand même l’architecture traditionnelle Miao.

L’ensemble est donc quand même très harmonieux, et j’ai choisi une chambre d’hôtel face au village traditionnel.

Les rues de Xijiang sont très animées, il y a beaucoup de monde mais c’est très agréable. De nombreux étals vendent des spécialités locales, du tofu poilu, du lard, des saucisses, et même un fruit bizarre qui semblerait avoir poussé sur un cactus. Sur la place principale du village, des femmes chantent pour les touristes. Cette place est un des endroits préférés pour les touristes filles qui se prennent en photo en costume Miao traditionnel.

Il faut dire que les costumes et parures traditionnels Miao sont incroyablement magnifiques. Ils ont développé un artisanat de tissage et de broderie réputé qui se retrouve sur leurs vêtements, mais aussi leur bijou en argent sont très finement sertis, plus il y en a mieux c’est. Comme souvent dans le Guizhou, le temps est très humide, il pleut et le vent souffle très fort aujourd’hui, heureusement que j’avais prévu une veste sinon j’aurai été frigorifié et serais tombé malade. Mais bon, on n’a pas le choix, c’est un paramètre avec lequel il faut composer ici donc on sort quand même équipé d’un parapluie, je trouve d’ailleurs que les photos du village et des rizières ressortent bien avec ces nuages sombres.

Le temps nous ramène quand même rapidement vers des activités intérieures. Une des spécialités Miao se sont les soirées festives sur des longues tables où l’on déguste tous ensemble une soupe de poisson sauce aigre arrosé de vin de riz très sucré. L’alcool coule généreusement, incité par les musiciens et danseurs qui mettent l’ambiance. C’est assurément une attraction pour les touristes qui veulent avoir un bref aperçu de cette tradition Miao, le diner est vraiment abordable 65 RMB par personne tout compris et je trouve que finalement cela vaut le coup.

On continue les attractions clichées pour les touristes par le spectacle donné tous les soirs dans l’amphithéâtre. Le spectacle met en scène de nombreux danseurs et conte des histoires Miao. C’est assez kitch et sonne quelque peu creux, mais je reste quand même impressionné par les costumes magnifiques de détail.

Ce matin, je me lève aux aurores, depuis mon balcon la lumière commence à éclairer le village et je suis rassuré de voir que la pluie semble ne pas être au programme aujourd’hui.

Je vais pouvoir me réchauffer un peu… Je me réveille tranquillement puis pars jusqu’au point de vue tout en haut du village au point de vue. Ce matin, la vue est magnifique, je reste un moment à contempler le paysage, c’est cette vue qui m’a fait venir jusqu’ici au milieu des montagnes du Guizhou.

Je fais le tour du village avant de revenir à l’hôtel

Pour prendre le petit déjeuner sur le balcon. J’achète dans un petit restaurant de rue des œufs et des patates douces, du lait et je m’installe face à la vue, idéal.

Après avoir repris des forces, je pars faire le tour du village dans sa partie la plus ancienne. Le bas du village est surtout composé d’hôtels et de restaurants pour accueillir les touristes, mais je me doute que les maisons les moins accessibles tout en haut de la colline seront plus authentiques et représentatives de la vie de ce village avant son ouverture au tourisme de masse.

En effet, dès que l’on quitte les deux rues commerçantes, on se retrouve seul.

Presqu’aucun touriste ne semble s’aventurer au-delà. On croise plus de coqs que d’humains.

Quelques Miao sont assis et discutent, d’autres grimpent les nombreuses marches avec des marchandises suspendues sur un bambou. Leur dialecte m’est inconnu, je ne comprends pas un mot de leurs conversations. On passe devant de belles maisons en bois, et on a une vue différente du village.

Je continue ma promenade jusqu’à l’autre colline d’où le point de vue est tout aussi superbe sur le village.

Tout au bout du village, on peut contempler les rizières qui ont viré au jaune et sont prêtes pour la récolte.

Après le déjeuner, on va s’aventurer dans les rizières où le travail est intense.

Les villageois récoltent le riz et remplissent les sacs directement sur place, il y a beaucoup de main d’œuvre.

Un autre porte un panier percé. En fait, c’est un outil pour attraper les poissons que les villageois avaient aleviner en début d’année dans les rizières. Lorsque les pieds de riz sont coupés, c’est le moment de partir à la pêche de cette spécialité de la cuisine Miao.

Les champs autour du village sont aussi propices à la culture du lotus.

On grimpe au milieu des rizières pour avoir un point de vue sur cette vallée et le village de Xijiang au fond. Il n’y a plus personne, on s’installe et profite de la vue.

En fin de journée, on remonte au point de vue sur le village depuis les hauteurs.

Le matin j’avais repéré un endroit parfait pour le diner et manger face à la première attraction de Xijiang. Tous les soirs, toutes les maisons de Xijiang allument une lampe devant leur maison, c’est une tradition du village que le gouvernement a institutionnalisé pour le tourisme. La vue au crépuscule est magique, c’est un magnifique instant de contemplation, le temps semble suspendu.

C’est un magnifique happy ending pour notre séjour à Xijiang. Une image qui nous a marqué. Nous partons en tout début de matinée pour Guiyang pour la suite de notre voyage dans le Guizhou.